Les femmes fatales d’Elise Bergamini

                   


Chez Elise Bergamini les femmes ont des cheveux mais pas forcément de tête. Elles ne manquent par pour autant d’esprit. Leur créatrice non plus. Elle s’amuse à ne jamais offrir le corps en totalité. Par cette acrobatie, elle suggère moins sa disparition que son manque. Le morcellement  permet de faire des mises au point sur la zone souhaitée et érogène et de mettre en valeur ce qui s’y passe.

Dessin, broderie, empreintes de cire rassemblent des traces qui sont les signes de sensations et d’émotions. Cette archéologie d’un savoir empirique permet d’inscrire le corps dans le temps tout en laissant une part à l’anomalie, à la fragilité et à la maladresse. Plus besoin de couples, d’attelages, la femme seule est émissaire.

Son corps isolé dans l’espace tient à distance les monstres, la terre et le ciel. Le corps est un  atelier. Ce que le geste d’un corps dessiné suggère permet de réenchanter le monde en pièces détachées. Juste l’essentiel est pris au piège et isolé en ce qui tient d’un espace aussi érotique que mental. Il ne faut chercher à savoir où cela mène, il suffit de glisser dans le temps. La créatrice en décline la joie sans cause et la détresse sans raisons.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

« Elle était de passage », Médiathèque Edmond Rostand, Paris, 17 mai – 11 juin 2016.

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