Cluca : dans les bains
Les œuvres picturales de Cluca interrogent le poétique. Ce n'est pas forcément la meilleure entrée diraient certains. Mais ce qui le retient, c'est à la fois une vision d’un monde que le développement d'une œuvre qui recrée le réel par diverses opérations. L’artiste montre de manière naturiste, décalée et drôle la société, la nature tout en renvoyant à l’univers qui nous habite (imaginaire, inconscient).
Aux narrations mythologiques, au dogmatisme d’un art pictural académique Cluca oppose la singularité de son expérience. Elle lie histoire de l’art et perception du réel. Cette expérience est sensorielle mais s’organise intellectuellement. Elle inclut des savoirs faire mais aussi des sédiments plus obscurs déposés par la vie.
Elle est moins faite d’une assurance logique que de la pression de ce que Georges Bataille appelait «la différence non-logique». Les figures volontairement « vieillies » ou vieillottes créent des instances dégingandées pour imposer des présences au bord de limites où toute compréhension se décompose. L’œuvre est un devenir-autre de la langue plastique, une ligne qui s'échappe du système dominant. Le tout dans la «déterritorialisation» dont le dynamisme excentrique tient à une poétique de l’étrangement à travers des idiomes iconographiques familiers.
Jean-Paul Gavard-Perret
Cluca, Eponyme, LittéraureMineure, Roue, 2016
0 commentaire