Les "histoires d'O"de Natalie Lamotte

                   


En un incessant aller-retour entre le réel et l’imaginé, entre une réalité et sa saisie plastique « primitive » Natalie Lamotte décompose puis recompose la relation au monde. L’espace mental et l’espace réel se superposent. Surgit un nouveau mythe de la caverne, une histoire d'O. Il ne s’agit pas de l’abri fait de parois mais du corps même de l’image. Un corps se crée  par l’imaginaire et le « film » que le livre développe. Il y existe autant repli par les pages qu’ouverture par ses images. Peuvent s’y lire l’humour et l’éros.


Chaque fond de page s’épaissit afin de passer du blanc vierge au rouge le plus profond en une sorte de « Black-Out ». Ce rouge est un sortilège. Il rend le monde léger, aérien. Personne n’y a de croix à porter. On y serpente loin des douleurs. Même si paradoxalement la couleur et les masses rappellent notre « viande » dont parlait Artaud. Mais l’artiste en efface les chagrins. Dans leur simplicité poétique de telles œuvres font aussi accepter  le peu qu’on est.  Elles semblent respirer dans une autonomie tout en permettant de sombrer dans des sortilèges innombrables.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Natalie Lamotte, « Livre », LitteratureMineure, Rouen, 2016, 8 E..

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