Le cinéma muet de Mathilde Marc

                   


La série « Les étreintes » rapproche plus du cinéma d’Hollywood et de Cinecittà que du roman photo. Se retrouve dans de telles photographies une esthétique rare, un souci graphique plein de joie et de tristesse, d’humour et de dérision et bien sûr de sensualité. Ce sont aussi des réponses "militantes" à tout un underground à la mode qui massacre la beauté. 

 

Mathilde Marc ose la brillance. Mais celle-ci n’a rien de superfétatoire : elle efface les vieilleries des strass pour appuyer sur de rôles plus que sur la psychologisation. Et subtilement le concept de féminité se retrouve aux antipodes du charmant, du décoratif. Il s’inscrit au crédit d’une littéralité décalée où l’effet  de vérisme nostalgique préserve une "poésie". 

 

La sensualité n’a plus rien de flashy. Elle cultive d’autres accords, quitte à feindre de retourner à la source de blessures digne du « Parrain ».  La photographie devient une narration. Elle souligne et dénote la frime et la luxure. Les couleurs sombres et intenses prouvent que la cendre a remplacé (momentanément) le feu.
Une fulgurance visuelle marque la puissance progressive d’éros sur thanatos là où Mathilde Marc  se détache pourtant de toute mélancolie : le présent est paradoxalement fractal mais glissé.
 De tels portraits sont des romans noirs, des nouvelles tragiques. Un cinéma muet. Plus besoin de dialogue de cire ou de circonstance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Voir le site de la photographe et vidéaste.

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.