Alice de Miramon : tigresses et ivresses

                   


 

 

Alice de Miramon aime peindre et dessiner sur des supports livresques pour transformer leurs signes en indices plus « parlant ». Héritière de Matisse (mais aussi du Douanier Rousseau) elle transforme chaque portrait en icône érotique dont l’aura reste drôle et indélébile. Elle devient une histoire où les princesses offrent des bijoux qui ravissent. Le regardeur est soumis à leur instance prégnante. Il ne se demande même plus comment pourrait en sortir indemne sa tête malade. Mais cela est jubilatoire comme le jaillissement d’eaux lustrales au sein d’une intimité parfois cocasse dont il n’a pas la clé. D’où le charme d’une œuvre unique dans l’espace artistique contemporain


La
question de l’être reste celle du mystère, du secret comme lorsque le phallus s’enfonce et joue dans la crypte ouverte faisant du vide un plein et de deux amants les gisants de l’apparentement. A partir de là le voyeur croit voir le jour. Même si à sa place surgissent des félins hilares. Il perçoit à travers eux comme celui de la femme des corps non fantasmés mais ceux qu’il fantasme forcément puisqu’il y est peu ou prou invité. Il est là où les ombres passent et disparaissent comme un animal.
Il cherche une cachette au moment où chaque silhouette réinvente le secret, le tombeau, la solitude. Le voyeur ne peut plus sortir de la crevasse lumineuse que fait l’image : lorsqu’Alice de Miramon l’ouvre, il tombe dedans.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 L'artiste est exposée tout l'été à Artquest, Paimpol

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