"Coffin Hill", ma sorcière bien aimée

Urban Comics édite en France l'un des derniers succès du label adulte et mature de chez DC Comics. Au programme : sorcellerie, horreur, et malédiction…


Coffin Hill, 2003.
Eve Coffin est la petite dernière d'une famille de  sorcières. Adolescente rebelle, Eve réunit ses amies pour invoquer le démon aux cours de soirées sexe, drogues et sorcellerie. Mais un jour, tout tourne mal : "quelque  chose" apparaît et la séance vire au carnage…
Dix ans plus tard, Eve Coffin, devenue entre temps agent
de police, arrête le Ice Fisher, un tueur en série. Bien  décidée à prendre un peu de repos, elle retourne dans sa ville natale. Elle va retrouver de vieilles connaissances  et découvrir que ce qu'elle a invoqué sévit toujours à Coffin Hill…

Caitlin Kittredge est surtout connue en France pour sa saga dark fantasy adolescente Les Ténèbres de Londres, remarquée pour sa violence parmi les innombrables  titres bit-lit. Pas étonnant donc de la retrouver comme scénariste sur un titre du label Vertigo à qui on doit  déjà quelques jolies pépites fantastiques comme  Sandman, Hellblazer ou Preacher (un indispensable qui ressort ce mois-ci, dont on vous reparlera très bientôt).


Sorcières, grimoires maudits, corbeaux, pouvoirs  magiques, possessions, asile psy, tueurs en série, cabane perdue au fond des bois, savants fous, etc. Un véritable catalogue des stéréotypes du genre. Ce pourrait être un défaut, mais l'auteur s'y entend pour attiser notre  curiosité quant aux mystères occultes de Coffin Hill et rendre son personnage d'ado rebelle attachant.

Kittredge choisit clairement de jouer sur la confusion.  Elle raconte son histoire sur deux époques, et laisse le  lecteur reconstituer le puzzle de l'intrigue. Tout n'est pas dit ou explicite, dans Coffin Hill, d'où un sentiment de confusion pas forcément désagréable d'ailleurs. Le  récit balance  continuellement entre les aventures  passées,  insouciantes, et néanmoins dangereuses de la  toute  jeune Eve, et notre présent, plus sombre, gris et amer. Il y a comme une jolie mélancolie qui s'installe à  la lecture de Coffin Hill, comme si le titre nous refilait le blues de son héroïne. Eve découvre le destin de ses  anciennes connaissances : certaines sont mortes ou  folles, et d'autres n'attendent qu'une chose, se venger.  Et Eve va devoir affronter les conséquences de ses actes  passés. On pense parfois à Lovecraft (pour les "choses" innommables invoquées au fond des bois) ou à Stephen King (Ça, notamment).



Aux dessins, Inaki Miranda  propose au premier abord  un style grand public, un peu trop mignon, trop propre, qui ferait un peu penser à de  la bit-lit en images.  Heureusement, à bien y regarder, Miranda soigne son  trait, impose des fonds détaillés, crédibles, et en fin de  compte apporte une vraie valeur ajoutée. Les scènes violentes sont particulièrement réussies, mêlant  harmonieusement glamour gothique et gore. Dommage que la qualité du dessin subit une petit baisse de qualité passé les trois-quarts de l'album.

Enfin, l'album a le bon goût de tenir en un seul volume : l'histoire a une conclusion satisfaisante qui ne vous  oblige pas à acheter la suite. Si l'ambiance "jeunes filles, gore et sorcellerie" vous branche, n'hésitez pas à  prendre la direction de Coffin Hill, le séjour pourrait  bien vous plaire.

Stéphane Le Troëdec

Caitlin Kittredege (scénario) & Inaki Miranda (dessins)
Coffin Hill, tome 1 – La malédiction des Coffin
Traduit de l'anglais (USA) par Margot Negroni
Édité par Urban Comics (janvier 2015)
Collection Vertigo Classiques
176 pages
15 euros

Aucun commentaire pour ce contenu.