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Kant : Biographie


Biographie de Emmanuel Kant (1724-1804)

 

« Kant a vécu jusque dans un âge très avancé, et jamais il n'est sorti de Königsberg ; c'est là qu'au milieu des glaces du Nord il a passé sa vie entière à méditer sur les lois de l'intelligence humaine. Une ardeur infatigable pour l'élude lui a fait acquérir des connaissances sans nombre. Les sciences, les langues, la littérature, tout lui était familier ; et, sans rechercher la gloire, dont il n'a joui que très tard, n'entendant que dans sa vieillesse le bruit de sa renommée, il s'est contenté du plaisir silencieux de la réflexion. Solitaire, il contemplait son âme avec recueillement ; l'examen de la pensée lui prêtait de nouvelles forces à l'appui de la vertu, et, quoiqu'il ne se mêlât jamais avec les passions ardentes des hommes, il a su forger des armes pour ceux qui seraient appelés à les combattre.

On n'a guère d'exemple que chez les Grecs d'une vie aussi rigoureusement philosophique, et déjà cette vie répond de la bonne foi de l'écrivain. À cette bonne foi la plus pure, il faut encore ajouter un esprit fin et juste, qui servait de censeur au génie quand il se laissait emporter trop loin. C'en est assez, ce me semble, pour qu'on doive juger au moins impartialement les travaux persévérants d'un tel homme ». (Mme de Staël, De l'Allemagne)

 

C'est cri ces termes que, six ans après la mort de Kant (en 1810), Mme de Staël rendait hommage à ce grand philosophe.

 

Kant était né à Königsberg, le 22 avril 1724. Ses parents étaient d'humbles artisans, d'une probité et d'une droiture parfaites. Sa mère surtout, qu’il eut le malheur de perdre jeune, était une femme d'un grand cœur et d’un esprit élevé. À plusieurs reprises, le philosophe rendit témoignage à l'éducation qui lui avait été donnée au foyer paternel.

 

Kant fit ses études à Königsberg, d'abord au collège Frédéric, sous la direction de Franz Albert Schulz, théologien remarquable par son savoir et sa piété ; puis, à l'Université. Après avoir pris ses grades, il dut, pendant neuf ans, quitter sa ville natale, pour remplir, dans différentes familles nobles de la province, les fonctions de précepteur. Son ambition était d'enseigner un jour à l'Université. Il y obtint un poste en 1755; mais ce ne fut que plus tard qu'il parvint, successivement, et après une longue attente, aux plus hautes fonctions universitaires.

 

Dès celte année 1755, sa vie tout entière fut consacrée à ses travaux scientifiques et philosophiques, soit qu'il enseignât, soit qu'il écrivit. Le labeur auquel il s'astreignait était prodigieux ; presque aussi remarquable était l'inflexible régularité qui présidait à l'emploi de sa journée. Invariablement, en toute saison, Kant se mettait au travail le matin à 5 heures précises, et ne se permettait quelque délassement, au milieu du jour, que pour reprendre pendant toute la soirée. Cette activité et cette régularité rigoureuse expliquent en partie comment, dans une période relativement courte, de 1781 à 1797, Kant a pu produire tant d'ouvrages qui portent la marque d'une pensée si puissante.

 

Le livre qui rendit tout à coup célèbre son nom, inconnu jusqu'alors, fut la Critique de la Raison pure (1781). Cet ouvrage contenait tout une philosophie nouvelle, dont les Prolégomènes à toute métaphysique future (1783) furent l'explication et le complément.

 

Puis, vinrent les traités de morale :

Les Fondements de la Métaphysique des Mœurs, en 1785,

La Critique de la Raison pratique, en 1788,

enfin, en 1797, la Théorie du Droit et la Théorie de la Vertu parurent sous le titre commun de Métaphysique des Mœurs.

Dans l'intervalle, en 1790, Kant avait publié la Critique du Jugement.

 

Un peu plus tard, quatre articles qu'il avait écrits sur les rapports de la religion et de la philosophie l'exposèrent à de mesquines tracasseries de la part du roi Frédéric-Guillaume II. A la mort de celui-ci, Kant, ayant recouvré sa liberté d'action, réunit ses articles en un volume intitulé : De la Religion dans les limites de la pure raison (1791).

 

Son dernier livre, l'Anthropologie, parut en 1798.

Déjà, l'année précédente, Kant avait dû renoncer à l'enseignement ; toutefois, pendant les années qui suivirent, il travailla encore à un dernier ouvrage.

Il s’éteignit le 2 février 1804, à l’âge de quatre-vingt ans.

 

 

[Extrait de Les grandes idées morales et les grands moralistes. Kant. Pages choisies par J. Vaudouer et L. Lantoine, Alcide Picard et Kaan éditeurs, Paris, 1906]

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