Blandine Du Parc : au milieu de la piste

                   

 

 

Blandine du Parc sait capter - par  fragments, angles désaxés et longueurs d’expositions - l’innommable. La pudeur et la beauté de monde surgissent selon une littéralité soustractive par dispersions, incisions, coupures, dissolutions, effacements, abolitions, vacances, vides. Les personnages semblent en mal de « je ». Peut-être ont-ils perdu leurs illusions ?  Et les paysages nus, leurs sombres et lumineuses coulées créent un mirage d'union mais tout autant en prélude d’une solitude annoncée.

A chaque photographie un pas nouveau de danse est engagé vers le dépouillement. Le pouvoir de représentation est remis en cause pour porter à une re-présentation qui, cassant l’effet, de réel ouvre à la poésie de la présence. Elle vise non à établir une image mais à la dissoudre : reste le moins du monde possible. Par exemple une femme et un homme qui dansent restent la seule possibilité d’échange pour échapper au néant.

 

Blandine du Parc fait se souvenir  des mots de Beckett : "il faut continuer, je vais continuer". Valse lente ou sarabande, descente et ascension. On se souvient soudain de la vieille chanson de Piaf: « Tu me fais tourner la tête, mon manège à moi c’est toi ». L’œil  écoute quelques mots au milieu des rythmes. Quelques mots pour contredire le fait de ne pas être, du moins pas en cette totalité que deux corps qui tournent rappellent.

Jean-Paul Gavard-Perret

Blandine du Parc, « Declic 30 » exposition collective, les 5-6-7 Février 2016, Manufacture des Tabacs, Nantes.

 

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