"Avant de rejoindre le grand soleil", fable lente de Daniel Parokia

Les deux premiers chapitres de cette improbable chute dans la moiteur littorale, Avant de rejoindre le grand soleil, sont de purs bijoux d'intelligence narrative, un peu à la manière des meilleurs morceaux d'un Robbe-Grillet : les descriptions d'objets et de faits scientifiques imposent une narration décalée mais mieux que d'autres permettent de poser le cadre du roman. Il y a notamment tout un discours sur l'ambre solaire emblématique de son époque, qui va immerger le lecteur dans une ambiance très juste des années 60. 

Voilà donc le lecteur pris dans la langueur (que l'éditeur annonce un peu grossièrement fitzgeraldienne...) de la fin d'une époque : fin de l'adolescence pour le personnage principal, fin de l'innocence, fin d'un luxe facile, de belles voitures et de belles villas, et de l'abandon des coeurs et des corps à la douce chaleur du soleil. L'été dans sa plus tendre cruauté, qui révèle les êtres à eux-mêmes dans un doux ennuis pour ensuite les en arracher et leur montrer l'envers du décor, à savoir la vie réelle. La douceur de vivre du trio des personnages principaux (qui ne sont que les faire-valoir d'un décor entre Cavalaire et Monte-Carlo) va être perturbée par la découverte d'un corps gisant sur la plage, jusque là le théâtre de leur oisiveté... 

Tout s'achève par le retour de la vie difficile et réelle, la guerre d'Algérie, les obligations, Paris... Une parenthèse, ce beau roman.


Loïc Di Stefano

Daniel Parokia, Avant de rejoindre le grand soleil, Buchet-Chastel, août 2015, 206 pages, 14 eur

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