Jack Kenu vit en solitaire depuis le départ de sa femme. Il est lieutenant à la brigade des homicides d’Aukcland, en Nouvelle-Zélande, mais occupe ses nuits à des activités moins licites. D’origine maori, il se bat pour son île, tout comme le député Witkaire, qui a un programme de renouveau appelé "la voie humaine" et qui, quelques jours avant les élections, est confronté à un candidat violemment libéral, le ministre Kirwan, associé au capital par sa femme. L’histoire commence quand une jeune fille est retrouvée morte sur la plage, et tout s’accélère quand on découvre que la victime est Sandra, la fille du député Witkaire, qui a quitté son école expérimentale pour frayer avec des voyous. Sa mort est l’occasion trop belle pour ses opposants de critiquer sa vision nouvelle, désavouée par sa propre fille… Sandra est-elle morte pour de basses raisons politiques ? La bande de voyous avec laquelle elle trainait et qui est petit à petit décimée est-elle impliquée elle aussi ?

L’enquête policière proprement dite est l’occasion de critiquer le capitalisme qui gangrène l’île et pourrit aussi bien les hommes que les lieux. La BD s’ouvre d’ailleurs sur un entretien de Witkaire qui donne le ton et oppose son discours politique novateur et progressiste aux charognards du capital.

On retrouve dans cette BD  une grande violence dans les relations humaines et sociales, l’univers de Férey et notamment de ses romans noirs Haka et Utu (1), dont les personnages principaux ont pu inspirer Jack Kenu. Et les dessins de Giuseppe Camuncoli, immense auteur américain de comics, sont parfaits pour transmettre cette violence et cette soufrance. 

Loïc Di Stefano

Caryl Férey (scénario) et Giuseppe Camuncoli (dessin), Maori, tome 1/2, La Voie humaine, Ankama, "Hostile hoslter", octobre 2013, 64 pages, 14,90 eur

(1) Haka, Baleine, 1998, Gallimard "folio policier" 2003,  et Utu, Gallimard, "série noire" 2004 et "folio policier", 2008. Caryl Férey est également l’auteur du très primé Zulu (Gallimard "Série noire" 2008 et "folio policier" 2010), adapté au cinéma par Jérôme Salle avec Orlando Bloom et Forest Whitaker (sortie fin d'année 2013).