Les processus obviés de Cees Nooteboom

Cees Nooteboom raconte, s’amuse dans une poésie où l'esprit vagabonde très loin, dans des lieux mythiques reculés mais tout autant sur  l’île de Minorque, où il passe la moitié de son temps lorsqu’il n’est pas à Amsterdam ou dans le Bade-Wurtemberg.

C'est pourquoi sa poésie méduse. Elle chasse des vampires pour en réanimer d'autres dans diverses associations et clins d'œil. Le poète est capable de forger des poèmes avec tout ce qui sort de son esprit. Pour lui conscience sans science occulte n'est que ruine de l'âme. Ici l'altérité n'est jamais douloureuse. Seules les absences sont dures à supporter mais chez lui tout pathos est proscrit.

Le moindre détail en inspire un autre comme dans les tableaux de ­ Jérôme Bosch. Bref il introduit de l'imaginaire partout dans sa capacité de métamorphose qui nous projette dans un étrange cosmos aux paysages silencieux. Une telle œuvre étonne par son étendue et sa puissance  même si avec le temps le désir s'éloigne. Reste néanmoins une silhouette qu'en pâle chien il renifle pour faire face aux abîmes avec élégance et ironie.


Jean-Paul Gavard-Perret

Cees Nooteboom, L'œil du moine suivi de Adieu, traduit du néerlandais par Philippe Noble, Actes Sud, novembre 2021, 112 p., 14,50 €

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