Une nouvelle année est déjà là, à la porte, tandis que Monsieur Coronavirus et sa cohorte de variants – avec lesquels nous ne faisons, hormis la vaccination, pas grand-chose de plus que jouer au chat et à la souris – sont plus que jamais là, et toujours autant sacrément insistants.
Cela, sans que jamais nous nous préoccupions encore à cette heure le moins du monde des populations voisines à court ou carrément sans vaccins à disposition...

Mais au-delà de ce que, par pur déni et traître commodité, nous avons très – trop ! – vite pris l'habitude de banaliser sous la somme toute docile appellation de crise sanitaire pour ne pas véritablement en affronter les raisons, le sens et l'enseignement profonds, sans doute faudrait-il s'interroger et interroger le virus en ses diverses formes pour pouvoir arriver à en lire au bon niveau et donc en décrypter à mesure, à chaque réplique, les différents messages directement envoyés – du jamais vécu ! – en direction de l’humanité toute entière via chacun de ses individus.
Ne s'agirait-il pas là, globalement, avant tout, bienheureuse alerte, impérieux signal, d'un stop en guise de préventive indication de funeste fausse route nous parvenant providentiellement depuis l'invisible à l'approche ou devant l'imminence d'un possible point de non-retour concernant aujourd'hui notre espèce ?
Et, en effet, à y regarder de près, chaque variant ne porte-t-il pas en même temps en lui-même un message de mise en garde envers nos sociétés et nos façons de vivre qui lui est plus proprement spécifique ? Omicron, par exemple, devant assez vite remettre en question l’organisation de nos modes de consommation de toutes sortes par une déferlante de gens rapidement infectés et donc mis aussitôt professionnellement hors service.

Pour résumer, et dans le sillage de la pensée de feue la chère Christiane Singer, je reconnais pour ma part volontiers que, selon ses mots à elle : L'insignifiance et la futilité qui règnent en maîtres barrent l'accès au réel et à la profondeur : aussi ai-je gagné la certitude que les catastrophes ne sont là que pour nous éviter le pire.

Au fait, à propos, qui donc, dans les premières années soixante-dix, avait – vous en souvenez-vous ? – osé prophétiser tout haut, quoiqu'alors tout à fait en plein désert : Le XXIème siècle sera spirituel ou ne se sera pas ?
Et voilà pourtant que tout d'un coup nous y sommes et que, Covid aidant soudain grandement, cette prophétie paraît aujourd'hui nettement moins gratuite qu'à l'époque où elle en avait tout l'air !
 

André Lombard

Christiane Singer, Du bon usage des crises, coll. Espaces libres, Albin Michel, avril 2001, 147 p.-, 6,50 €

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