Christophe Donner, Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive : Ecrit avec une fougue et une passion hors norme

Flamboyant, brillant, doué, Jean-Pierre Rassam est dans les années soixante dix l’homme de tous les superlatifs. Sorti de Sciences po mais ayant raté L’Ena au grand dam de son père, un richissime homme d’affaires libanais, il s’entoure d’une cour de mannequins, de diplomates, de professeurs d’économie. Les fêtes forment son quotidien dans un grand appartement de Saint germain où caviar, champagne et cocaïne sont en libre accès.

En compagnie de sa sœur Anne-Marie, ils parlent vaguement révolution, Petit livre rouge et cinéma. Bientôt, il rencontre « un petit qui ne ressemble à rien », Claude Berri, qui a déjà remporté un oscar pour un court métrage « Le poulet », grand ami de Maurice Pialat. L’un, Berri épouse Anne-Marie tandis que Pialat bien que marié vit avec Arlette, la sœur de Berri.

Les personnages sont prêts pour une virée sans filet dans l’histoire du cinéma où Brigitte Bardot, Jean-Yanne, Eric Romher, Sami Frey jouent les rôles principaux. Il n’est bientôt plus question que de produire, de tourner des films. De gagner autant d’argent qu’on en perd dans des parties de poker géantes. L’invasion de Prague par les soviétiques, Mai 68 bouleversant l’ordre du festival de Cannes sont autant de moments brûlants qui nourrissent l’imagination et la créativité des quatre fous de pellicule. Rassam embarque Godard dans les camps d’entraînement palestinien, se retrouve avec Berry dans la voiture de Truffaut pour aller chercher les enfants de Milos Forman à Prague.


Amitiés, jalousies, trahisons s’enchaînent au rythme fou des longs métrages qui se succèdent, ratages mémorables comme Mazel Tov ou  succès inoubliables avec le Vieil homme. Rassam Le flambeur qui vit à l’année au Georges V fascine mais ne se livre pas.


Il n’a aucun principe contrairement à Berri, brûle tous ses vaisseaux, consume tous ses talents dans l’héroïne et meurt à 44 ans.


Fasciné par ses personnages et son sujet, Christophe Donner mélange réalité et imagination, grandeur et misère humaine à l’aide de dialogues acérés, de descriptions ciselées. Le portrait  de Rassam, peu connu du grand public éblouit, agace séduit. Ecrit avec une fougue et une passion hors norme, le roman, l’un des plus réussis de la rentrée littéraire se lit d’une traite.


Brigit Bontour

 

Christophe Donner, Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, Grasset, août 2014, 304 pages, 19 €


> Lire un extrait du roman de Christophe Donner

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