Les Mondes de Ralph : Bienvenue dans les jeux vidéos

Il y a quelques années, Toy Story nous montrait ce que font les jouets dès que les enfants sont couchés. Aujourd’hui, Les mondes de Ralph nous montre ce que font les personnages quand les jeux vidéos sont éteints. Là s’arrêtent les comparaisons. Ralph a peu à voir avec Woody. En apparence, il est une brute épaisse chargée de casser une maison dans un jeu vidéo antique « Fix-It Félix Jr » Seulement, après trente ans de mauvais mais loyaux services, Ralph en a ras les poings et veux changer d’emploi. Passer dans le camp des gentils. En quête d’une médaille qui redorerait son blason, il se retrouve dans d’autres jeux vidéo qui ne sont résolument pas faits pour lui.


« Le plus grand défi était de créer des mondes très différents, explique le réalisateur Rich Moore. Dans un dessin animé classique, tout tourne autour d’un même monde ; une fois que vous l’avez créé, vous êtes tranquille. Ici, nous avons été contre ce principe de base puisque nous disposions de  trois mondes majeurs : celui de Ralph qui est très simple, celui très moderne de « Heroes of Duty » et celui des « Sugar Courses » à base de bonbons. Il fallait que chacun conserve sa propre identité différente des autres. En réalité, l’univers qui nous a causé le plus de problème fut le premier puisqu’il fallait demander à des animateurs considérés comme les meilleurs du monde de revenir à une animation basique ! En contrepartie, ils se sont rattrapés avec « Heroes of Duty » où ils ont pu aller aussi loin qu’ils le souhaitaient. Mais les « Sugar Courses » nous ont aussi causé des tourments. Je n’avais aucune idée de la façon de filmer des bonbons. Nous avons dû faire appel à des photographes spécialistes dans ce domaine pour que tout reste constamment appétissant.»


Depuis Tron, on sait le Studio Disney très attirés par les jeux vidéos. Cette fois, il franchit le pas avec éclat, consacrant une grosse production à un héros qui, loin des contes de fées, évolue dans un univers purement virtuel.


« L’idée de base est née il y a quatre ans, raconte Moore, quand je suis entré chez Disney. John Lasseter, qui est un vieil ami, m’a dit que le Studio avait très envie de travailler sur les jeux vidéo. Mais jusqu’alors tout le monde avait abordé le sujet sous forme de programmes. Moi, j’ai été attiré par les personnages. Que se passe-t-il si un personnage refuse sa condition de méchant ? Cela crée un conflit humain, donc proche de nous. J’ai volontairement opté pour un héros très simpliste, aux antipodes des jeux modernes ultrasophistiqués. Je ne l’ai pas choisi par nostalgie mais par opposition. Ce n’est que par la suite que je me suis rendu compte qu’il rappelait des souvenirs à de nombreux joueurs et les connectait à une partie de leur enfance. »

Bien entendu, Moore est un gamer.




« Je passe mon temps à jouer. Tous mes collaborateurs vous le diront : dès que j’ai du temps libre, je sors mon téléphone et je joue ! J’ai été marqué par les jeux quand j’étais enfant et j’ai transmis ma passion à mes enfants. Je pense qu’effectivement on peut me qualifier de gamer. »


Certaines scènes, notamment celles de Grand Central, sorte de gigantesque gare où se retrouvent à divers moments les personnages des jeux, font appel à des célébrités en la matière. Les amateurs s’amuseront à les reconnaître. Les producteurs, eux, ont dû négocier avec les fabricants pour obtenir le droit des les utiliser, même de manière épisodique. On imagine sans mal les pourparlers.


Super Mario manque à l’appel mais, officiellement, parce que les scénaristes n’ont pas trouvé de rôle à la mesure de sa célébrité. Refusant de le cantonner dans un caméo (une apparition), ils ont préféré se passer de lui.


Le jeu de Ralph, quant à lui, n’est pas sans évoquer un best-seller.


« Je voulais un jeu avec des personnages simples où les bons et les méchants sont clairement différenciés, poursuit Rich Moore. C’est vrai que nous nous sommes inspirés de Donkey Kong. Pourtant, au départ, nous avons envisagé de faire de Félix, le héros de « Fix-It Félix Jr », notre personnage principal. Mais nous nous sommes rendu compte que son voyage personnel avait beaucoup moins d’attrait que celui de Ralph. Félix n’a pas de potentiel dramatique intéressant alors que Ralph affiche de nombreuses failles.»


Réduire Les Mondes de Ralph aux jeux vidéos serait mensonger. Les jeux forment le décor, non la matière. Dans sa quête d’une nouvelle identité, Ralph croise une espiègle gamine qui est une anomalie informatique. Ils vont s’entraider, un peu malgré eux. Lui le colosse aux raisonnements limités, elle la débrouillarde au passé effacé. Un film sur l’amitié, donc. Thème cher à la maison Disney. Une amitié sur fond de guimauve.


Pour Rich Moore, Les mondes de Ralph constitue le baptême du feu. Son premier long métrage Il a œuvré auparavant pour les Simpson et pour Futurama.


« La principale différence entre la télévision et le cinéma c’est le temps, explique-t-il. A la télévision, tout va beaucoup plus vite. Avec Ralph, nous avons passé trois ans et demi pour un film de cent minutes. Vous imaginez bien que, avec le même laps de temps, nous aurions fourni environ cinquante heures de dessins animés pour la télévision ! C’est une différence énorme et un long-métrage réclame beaucoup plus de concentration. Mais le travail de base reste identique : raconter une bonne histoire, s’attacher aux personnages et les faire évoluer dans un monde qui m’attire. Ensuite, dans les deux cas, on a recours aux ordinateurs mais le nombre de personnes impliquées est très différent ! »


La voix française de Ralph est celle de François-Xavier Demaison, qui restera à jamais marqué par King Louie du Livre de la jungle, surtout dans la version originale où il était doublé par Louis Prima. Ralph est moins exubérant.


«C’est sans doute le côté massif du personnage qui a poussé Disney a pensé à moi, suggère-t-il. J’ai passé des essais et, ensuite, j’ai été visité les studios à Los Angeles. Là,  j’ai constaté qu’il y règne un vrai culte de l’idée. Celui qui a une idée dispose des moyens de l’exploiter. Le studio est construit comme un assemblage de petits ateliers où chacun travaille au profit du projet global. J’ai eu la chance de rencontrer la voix originale, celle de John C. Reilly. Nous avons parlé de Ralph. En fait, nous avons tous les deux abordé ce personnage par son physique qui est impressionnant. John m’a dit qu’il l’avait joué en pensait à son oncle qui était joueur de football. Ensuite, j’ai dû faire la voix de Ralph en quatre jours dans un studio d’enregistrement. L’exercice consiste à être sincère comme pour un personnage de cinéma., sans jamais basculer dans le cartoonesque. C’est fatiguant parce qu’il y a au moins dix scènes importantes par jour à jouer alors qu’au cinéma il n’y en a jamais plus de deux par jour. Je suis sorti de cette épreuve rincé mais j’ai adoré ! Je trouve le personnage de Ralph attachant avec un vrai joli parcours. »


Univers des jeux vidéos, courses de voitures, bataille contre des milliers de monstres volants, culte de l’amitié, humour à tous les degrés, clins d’œil, tout y est dans ces Mondes de Ralph. Le cahier des charges est bien rempli.

 

Philippe Durant


LES MONDES DE RAPLH

De Rich Moorel

Avec la voix de François-Xavier Demaison

1h41

sortie le 5 décembre

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