"En toute liberté", confidences et refléxions de Roland Giraud

Une liberté chèrement acquise


Roland Giraud est un sacrément bon acteur. Le cinéma l’a peu utilisé (quoiqu’il soit excellent dans le récent La Cage Dorée) et le grand public, souvent amnésique, fait mine de ne se souvenir de lui que pour Papy fait de la résistance et Trois hommes et un couffin (oublions sa catastrophique suite !). Pourtant il suffit de voir Giraud sur une scène de théâtre pour comprendre qu’il possède un sens profond du comique et qu’il connait son métier comme un grand chef.


Le bonhomme n’étant pas dénué d’humour, l’on pouvait s’attendre à un revigorant livre de souvenirs. Le hic est que son En toute liberté n’est pas un livre de souvenirs. Mais alors pas du tout. Ce n’est pas non plus un livre de révélations. C’est tout bonnement un livre de réflexions.


Bien sûr, Giraud en profite pour revenir sur son enfance, son parcours assez difficile et ses rencontres importantes – en tout premier lieu avec Maaïke qui deviendra son épouse et sa partenaire des grands et des tristes moments – mais tout cela est présenté sous le prisme d’une réflexion empreinte de protestantisme. Car Giraud est protestant. Il ne s’en cache pas, ne fait pas de prosélytisme mais insiste quand même un chouia. Les titres de ses chapitres parlent d’eux-mêmes : Pardonner ?, Là-haut, Aimer s’apprend, L’essentiel est invisible, Être pasteur ?... Giraud ne risque pas de faire concurrence à Galabru !


Les avides d’anecdotes, de situations cocasses, de rencontres au sommet sont priés d’aller voir ailleurs. Roland Giraud expédie ses tournages en quelques lignes (un détail insignifiant sur sa participation aux Bronzés font du ski), évoque à peine Coluche et quelques grands noms, mais disserte beaucoup sur les difficultés de son métier.


C’est son choix. Il est respectable. Même s’il n’est pas enthousiasmant. Roland Giraud sait de quoi il parle et en parle bien. Il parle aussi avec franchise de la tragique disparition de sa fille Géraldine ; sans verser sans le pathos ni le larmoyant. Il y a tout au long de ce livre une dignité honorable, un ton dénué de toute forme de condescendance.

Finalement, En toute liberté est un livre non pas grave mais profond. Qui permet de mieux connaître Roland Giraud avec ses doutes, ses questionnements, ses incertitudes. Et qui prouve aux imbéciles prétentieux que l’on peut être un grand comique et avoir des choses profondes à dire. Mais à dire avec discrétion, avec pudeur car, comme le veut la formule, l’humour est la politesse du désespoir.



Philippe Durant


Roland Giraud, En toute liberté, Le Passeur, mars 2013, 220 pages, 19 euros

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