Captain America : Le soldat de l'hiver

Les super-héros se suivent sur les écrans et ne se ressemblent pas tant que ça. Quoi de commun entre le sombre Batman, le coloré Superman, le détendu Iron Man, le médiéval Thor, le ridicule Hulk ? Au sein de cette grande famille, Captain America se classe à part. Non seulement parce qu’il est moins célèbre que certains de ses coreligionnaires mais aussi parce que, au moins dans cet opus 2, il se rapproche plus du cinéma policier que de la science-fiction ou de l’aventure interstellaire.


Cela ne doit rien au hasard comme l’expliquent le réalisateur Joe Russo : « J’aime Captain America depuis l’âge de dix ans. Je collectionnais ses magazines et je les ai toujours dans mes placards. Je le trouvais un peu égoïste mais quand j’ai lu le scénario j’ai trouvé que c’était une façon de renverser le mythe. Nous avons pensé à des thrillers politiques comme Marathon Man ou Les Trois jours du Condor ce qui nous a ouvert de nouvelles voies à explorer. »


La référence au mythique Trois jours du Condor de Sydney Pollack est intéressante à plus d’un titre. Ici aussi on se retrouve avec une sorte de noyau dur planqué dans une puissante centrale de renseignements. La CIA a cédé sa place au SHIELD mais le fond reste le même : détourner l’institution à des fins politiques un tantinet fascisante. De plus, la présence de Robert Redford accentue ce rapprochement. Il a pris du galon, n’est plus l’anonyme employé chargé d’éplucher des documents en provenance de l’étranger. Désormais il est le grand manitou.


Ne pas croire pour autant, que Captain America s’est mû en un Sherlock Holmes des temps modernes. Il ne mène pas son enquête loupe à la main et continue de rester un héros d’action, plutôt prédisposé à tout casser sur son passage. Il est épaulé dans sa quête – où, bien entendu, il doit se méfier de tout le monde – par Natasha Romanoff, toujours interprété par Scarlett Johansson. « Dans les films précédents, constate-t-elle, j’étais là comme un personnage un peu secondaire. Cette fois, même si son passé continue de rester mystérieux, elle s’implique beaucoup plus. Et puis on découvre des similitudes entre Natasha et Captain America. » Même Nick Fury (Samuel L. Jackson) doit retrousser ses manches : « On me voit davantage dans l’action car je me sens trahi et je suis obligé d’agir. »


Ne nous leurrons pas : dans ce genre de film l’intrigue sert surtout à relier entre elles des scènes d’action plus spectaculaires les unes que les autres. Celles mettant en scène des véhicules – fort bien conçues au demeurant - paraissent fortement inspirées par la série Fast and Furious. Ça casse de la bagnole à tous les coins de rue. Un jour, pas si lointain, un chercheur (sans doute payé à rien foutre) s’est amusé à comptabiliser le nombre de morts dans les films de James Bond. Je lui souhaite bien du plaisir pour faire de même avec ce Captain America. Et, pendant qu’il y est, il pourra répertorier le nombre de véhicules détruits ! La dernière partie du film reste elle aussi centrée sur l’action avec des vaisseaux aériens particulièrement dangereux qu’il faut détruire à tout prix dans un laps de temps réduit. « C’est une production énorme, ajoute Scarlett, et pendant deux semaines on pouvait jouer des scènes d’action sans jamais s’arrêter. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable à faire, je préfère des scènes de face à face ou de dialogue, où l’on peut exploiter ses possibilités de comédien. »


Au centre de l’action et du film – qui se déroule au XXIème siècle -, ce Captain bodybuildé, plus inquiet que souriant, incarné par Chris Evans : « Captain est quelqu’un qui ne se plaint jamais, remarque-t-il. Il découvre que la société a beaucoup changé depuis les années 40. Il ne se considère pas comme un héros, même s’il est prêt à sacrifier sa vie. Il y a un équilibre très sain entre son humanisme et son courage. »


Comme souvent pour les productions Marvel, celle-ci recèle de clins d’œil en tout genre. Tout le monde, ou presque, reconnaitra Stan Lee (en gardien de musée) mais pour le reste il faut se montrer vigilant. «Bien sûr qu’il y a des clins d’œil parce que nous aimons surprendre le spectateur, admet Anthony Russo, frère de Joe. Je vais vous en donner trois. D’abord il y a des références à Pulp Fiction dans les habits que portent Nick Fury. Ensuite, quand Robert Redford ouvre son frigo on peut voir un bocal de la vinaigrette créée par Paul Newman. Enfin, regardez bien les livres que Steve Rogers (Captain America) a chez lui ! »


Enfin, l’on sait déjà que des scènes coupées figureront sur le DVD, dont une dite de tendresse entre Natasha et Steve. Et l’on sait aussi qu’un prochain épisode de Captain America est en chantier. Les super-héros ont la vie longue !


Philippe Durant



CAPTAIN AMERICA, LE SOLDAT DE L’HIVER

De Joe et Anthony Russo

Sortie le 26 mars 2014 – 2h17

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1 commentaire

Reste un film distrayant, un bon produit bien plus réussi que Thor 2 par exemple.