Le Père Noël : rencontre avec Tahar Rahim

Le film de Noël est une tradition quasi ancestrale. Les Américains sont passés maîtres en la matière en fournissant chaque année des productions très inégales qui n’ont que pour but de détrôner l’inusable Noël blanc, classique des classiques. La France ne s’est jamais laissé prendre au piège, ce qui ne l’a pas empêché de fournir quelques incunables (dont J’ai rencontré le Père Noël avec Karen Cheryl !) Bien entendu, ne parlons pas du Père Noël est une ordure, à jamais hors norme. Cette fois l’idée est différente, donc originale : il s’agit de montrer les relations entre un voleur et un jeune enfant qui le prend pour le Père Noël (sous prétexte de déguisement nocturne). Toute une nuit ces deux compagnons vont devoir se supporter mais aussi s’entraider. Le tout pour parvenir à une fin forcément morale. Tahar Rahim endosse le costume rouge et la hotte face au tout jeune Victor Cabal.


Pourquoi ce film ?

Ce qui m’a plu c’est qu’il démarre dans le domaine de l’amoral. C’est un schéma que l’on ne voit pas beaucoup, surtout dans une relation entre un adulte et un enfant. Pourtant, au final, le voleur paye ses dettes grâce à cet enfant de six ans qui a réussi là où tout le monde a échoué avant lui. Le gamin lui donne ce que des centres de réinsertion, des juges, et même l’univers carcéral n’ont pas pu lui donner. Le choix de raconter cette histoire à travers les yeux de l’enfant change complètement la donne et modifie le rapport entre l’adulte et l’enfant.


Un enfant est-il un partenaire comme un autre ?

C’est différent parce qu’il décide souvent de la direction qu’il veut donner à une scène. Il faut savoir être à l’écoute, être toujours prêt à le suivre. Il faut aussi, parfois, réussir à le ramener vers la narration prévue dans le scénario. De plus, la concentration d’un enfant est limitée dans le temps. Pour avoir des réactions spontanées de sa part, il fallait parfois lui raconter des histoires qu’il aime sans aucun rapport avec le sujet. Il fallait un peu le duper !


Aimeriez-vous être dupé sur un tournage ?

J’adorerai ça ! Je suis toujours à la recherche d’expériences nouvelles au cinéma. J’aimerais me retrouver en état d’instabilité, explorer des territoires vierges. Mais on ne peut pas le faire systématiquement sinon on ne tourne un film que tous les trois ou quatre ans !


Qu’y a-t-il eu de nouveau pour vous sur ce tournage ?

Tous les matins nous répétions la scène et les dialogues pour l’adapter à l’enfant. Rien n’était jamais figé. Il fallait porter Victor pour parvenir au résultat. En revanche, parfois c’est lui qui nous portait en nous donnant des idées de jeu qui débloquaient une scène.


Comment vous êtes vous préparé à devenir ce Père Noël ?

Puisqu’il s’agit d’incarner un personnage ça a été un travail comme un autre. Beaucoup de discussions avec le réalisateur avec le scénariste. Pour construire le passé de ce personnage mais aussi pour choisir son costume, par exemple. Je voulais être capable de répondre à toutes les questions le concernant pour ne pas avoir à me trimballer ça pendant le tournage. Je savais que nous allions être concentrés sur Victor.


Jouer avec un enfant vous a-t-il donné envie d’être père ?

J’avais déjà envie d’être papa avant de faire ce film !


Quel a été votre plus beau cadeau de Noël ?

Quand mon frère m’a offert une console de jeu que personne n’avait encore, la Super Nitendo. Il a beaucoup travaillé pour pouvoir me l’acheter. Je devais avoir 12 ou 13 ans. Jamais je n’aurais pu imaginer que je l’aurais un jour. J’espérais qu’un de mes amis finirait par l’avoir et j’irais jouer chez lui. Quand je l’ai reçue, je n’y croyais pas.

Vous l’avez gardée ?

Non. Mais j’en ai rachetée une plus tard, par nostalgie.

Quels films de Noël vous ont marqué ?

Je ne sais s’il s’agit à proprement parlé de films de Noël mais j’ai été beaucoup marqué par la série Maman j’ai raté l’avion. Et puis il y a eu Le Roi Lion. Quel événement ! Quand je revois le film aujourd’hui je ressens encore toutes les émotions qui m’ont traversé quand j’étais enfant.


A quel âge avez-vous cessé de croire au Père Noël ?

ça devait être vers 5 ou 6 ans mais je ne m’en souviens pas bien parce que ça n’a pas été un événement marquant. J’ai été beaucoup plus marqué par cette histoire de petite souris qui se glisse sous votre oreiller pour remplacer une dent par un cadeau. Une souris dans mon lit, je trouvais ça un peu effrayant !


Philippe Durant


LE PERE NOEL

D’Alexandre Coffre

Avec Tahar Rahim et Victor Cabal

1h20 – sortie le 10 décembre 2014

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.