Niki de Saint-Phalle, Durand-Ruel et Hokusai : trois Découvertes Gallimard-Rmn-Grand Palais spécialement pour les Fêtes

Jamais deux sans trois sera l’axiome développé par cette truculente et pertinente collection qui n’en est pas moins didactique et propose toujours des petits livres intelligents et habilement conçus, qui s’ouvrent, se déplient, s’orientent et se métamorphosent : huit modules comme autant de palimpsestes artistiques de tout premier plan qui emmènent le curieux lecteur vers un artiste à l’occasion d’une actualité. En effet, ces trois numéros hors série ont vu le jour en accompagnement des expositions parisiennes qui mirent sous les feux de la rampe Niki de Saint-Phalle  (au Grand Palais jusqu’au 2 février 2015), Durand-Ruel (au musée du Luxembourg jusqu’au 18 février 2015) et Hokusai (au Grand Palais jusqu’au 18 janvier 2015).

 

Si Katsushika Hokusai (1760-1849) est aujourd’hui l’artiste japonais le plus célèbre à travers le monde, il convient de s’affranchir du mythique Sous la vague au large de Kanagawa : d’ailleurs l’exposition met sous les yeux du public pas moins de 500 œuvres ! Donc exit la vague et plongeons dans cette extraordinaire œuvre peint, dessiné et gravé qui incarne si magistralement la spiritualité et l’âme du Japon.

Au détour d’un module, Ejiri, une estampe de 1804 se déplie en une double double-page et démontre l’étendue insaisissable du talent de celui qui aura su si remarquablement réunir en un seul lieu les principes traditionnels de l’art japonais et les influences occidentales.

Niki de Saint-Phalle ne se présente plus : elle fait désormais partie du paysage culturel français, ses formes et ses couleurs reconnaissables entre mille, signature de cette plasticienne révoltée qui débuta sa carrière en tirant à la carabine sur des ballons gonflés de peinture, une manière d’exorciser sa rage. Pauvre petite fille riche qui surfa sur la vague dès 1961, refusant conformisme et bourgeoisie pour mieux se confronter à la réalité et tenter de sauver sa peau. La légende fit le reste et les couleurs criardes de ses plantureuses et monumentales Nanas, faites de grillage, papier mâché et polyester, choquent encore les fats et fascinent les sots. De la Fontaine Stravinsky (Paris, face au centre Beaubourg) au Jardin des Tarots (Toscane), cette œuvre s’affirme surtout par sa radicalité.

 

Tout courant artistique comprend ses mécènes, ses artistes, ses marchands. Paul Durand-Ruel (1831-1922) est un célèbre marchand qui fit les beaux jours de l’Impressionnisme et facilita le décollage de l’art moderne. Succédant à son père, marchand de tableaux déjà bien établi et comptant parmi ses clients les princes d’Orléans (collectionneur de Corot, Courbet et Delacroix), Paul, au début des années 1870, s’enthousiasme pour la vie londonienne et les œuvres des futurs impressionnistes, puis tombera sous le charme de la peinture de Manet.

Durand-Ruel inventera de nouvelles méthodes de vente destinées à imposer ses artistes (achat massif, organisation d’expositions individuelles – une première pour des peintres comme Renoir et Pissarro –, publication de monographies et de catalogues). Pionnier, il imposera un quasi-monopole sur la production de ses artistes, allant jusqu’à les conduire vers tel sujet ou  un format de tableau.

On lui doit aussi une forte implication dans la diffusion à l’étranger : Bruxelles et Londres mais surtout les Etats-Unis : les collections des musées de Philadelphie, Chicago, Boston, du Metropolitan Museum ou de la National Gallery de Washington comptent aujourd’hui des centaines de tableaux impressionnistes provenant de la galerie Durand-Ruel.

 

François Xavier

 

Laure Dalon, Hokusai, Gallimard, septembre 2014, 8,90 €

Camille Morineau, Nikki de Saint-Phalle, Gallimard, septembre 2014, 8,90 €

Claire Durand-Ruel, Paul Durand-Ruel, Gallimard, octobre 2014, 8,90 €

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