Les irlandaises de Claire Keegan

 Il n'y a rien de mieux que la littérature étrangère pour faire tomber les frontières, élargir les esprits et rassembler sans craindre l'uniformisation.  
Après avoir lu Anne B. Ragde et son Jour glacé en enfer  norvégien,  me voilà baladée A travers les champs bleus irlandais par  Claire Keegan.  
Cette dernière excelle dans l'écriture de textes courts mais l'une et l'autre ont ceci en commun : elles savent avec une concision et une sobriété remarquables nous transporter dans des paysages rudes et sauvages, nous faire éprouver la terre, le vent, la pluie, la lumière,  le froid et le chaud, le pouvoir de la nature, les silences, les solitudes,  et évoquer avec justesse la force et la faiblesse des femmes sans ne jamais juger quel que soit leur choix.
 
A travers les champs bleus  raconte qu'être au monde n'est pas simple pour les irlandaises élevées dans la rudesse de la terre et des  traditions. Claire Keegan, d'un écriture impressionniste campe des scènes de vie  rurale dans lesquelles tâchent d'exister des femmes endurantes, en équilibre instable tiraillées entre leurs rêves et leurs devoirs. La part donnée aux hommes n'est pas bien belle mais n'était-ce pas ainsi que vivaient les femmes, soumises aux forces de la nature et à  leurs devoirs d'épouse, de mère et de croyante ? 

Huit nouvelles illustrent ces instantanés de vie au demeurant banals  mais qui révèlent  combien est fragile l'instant où les choix se font ou ne font pas ;  pour un détail, une hésitation, une blessure, un silence... les destins basculent.  
Une mention spéciale pour la nouvelle La fille du forestier  qui réunit tout ce qui peut décomposer de façon souterraine un couple et  une famille, mais dans laquelle la femme sort grandie et victorieuse, sans un mot plus haut que l'autre.

Les lecteurs français ne goûtent pas aux nouvelles, paraît-il. Sans doute est-ce par paresse ou manque d'imagination. Il est vrai que ce format court déroute souvent parce qu'il  leur demande  de cheminer avec les personnages sans leur baliser la route ni leur indiquer où se trouve la ligne d'arrivée. Mais c'est ce qui fait le charme et la force des nouvelles. L'ellipse invite le lecteur, elle  ne lui impose rien.  Il n'y a d'ailleurs pas véritablement de chute dans les textes de Claire Keegan et c'est tant mieux. Le formatage des écrits n'est jamais qu'un empêchement.

Anne Bert

Claire Keegan, A travers les champs bleus, Editions 10/18, octobre 2014, 207 pages, 6,60 euros.

4 commentaires

Comment peut on tenir un site Internet qui se prétend salon littéraire et truffer ses pages de fautes d'orthographe à chaque ligne? Je quitte ce lieu de pacotille sur le champ.

Puisque Ondine_V attache une si grande importance à l’orthographe, il aurait été judicieux qu'elle écrivît sur-le-champ avec des traits d'union.

(ainsi que peut-on)

Ondine ayant  laissé ce commentaire sur ce billet,  c'est sans doute avec raison ? je recherche les fautes dans la chronique, en vain, pouvez-vous me les indiquer, à force de se relire, on ne voit plus rien.. Sinon, si c'est plus généralement, juste ceci : s'il s'agit de la façon dont les collégiens s'expriment dans leurs commentaires à propos des résumés d’œuvres  et des biographies et d'auteurs, à leur programme...adressez vous à leurs professeurs. Et puis, globalement, si un correcteur ou  une correctrice bénévoles veulent officier sur le Salon, c'est avec plaisir ! Puisque nous sommes tous bénévoles.

Merci au chroniqueur qui m'a,  par message privé, signalé ce qui a horripilé Ondine, effectivement ces 3 fautes auraient dû me crever les yeux. Je conviens que 3, c'est beaucoup sur un petit texte.. Mais il y a même pire....Ondine, nous vous offrons la possibilité de faire la  relectrice/correctrice.