2087, le Paris du futur vu par David Bry

Une chose reste immuable, encore plus figée que les montagnes et les océans : les détectives privés sont toujours des types bizarres au passé obscur et à l’avenir incertain, se coltinant des tares incroyables.
Gabriel n’y échappe pas. Il est le Eddie Valiant du futur, non à la recherche des Toons mais de la vérité sur la mort de la sœur de sa clientèle, cette dernière ayant aussi rejoint l’au-delà alors qu’il venait pour la rencontrer. Soyons clairs : le problème des enquêtes où le commanditaire est un macchabée – outre le fait qu’il ne soit pas du genre loquace – c’est que l’argent ne rentre pas réellement dans les caisses. Alors pourquoi y aller de sa poche ? Tout simplement car aux côtés de feu la belle demoiselle endormie dans le repos éternel, la tête d’un psilien – pour les ignares tel votre serviteur lors de l’ouverture du roman, ce sont des êtres doués de talents psychiques suite à des mutations génétiques – à son nom : un cadeau des plus agréables pour fêter une nouvelle affaire.
L’histoire devient donc personnelle. Et peut être trop personnelle : l’amante, l’amant, le frère mort, les anciens collègues… Tout cela ressurgit dans les ombres du Paris du siècle à venir. Un Paris protégé par un dôme contre la pollution du monde extérieur. Un extérieur organisé en gangs pour attaquer la capitale que l’armée va tenter de retenir. Oui, alors que l’armée a toujours été victorieuse, elle ne va que « tenter »…

Un cyber-thriller d’enquête, à la limite du huis-clos dans une ville que nous connaissons, rien de plus. Tout ce qu’il faut pour agacer les personnes n’aimant ni les romans de science-fictions, ni les romans policiers, ni les thrillers donnant des frissons. Et pourtant l’ouvrage est très bien exécuté et remplit à merveille l’une des fonctions premières de l’art : divertir, entrainer le lecteur dans ailleurs, le faire voyager par l’imagination.
Rapidement, au bout de quelques chapitres, l’univers déployé par David Bry nous est familier, comme s’il s’agissait du millième livre dans cet imaginaire dont c’est pourtant le premier opus (et, à priori, le dernier…).

Sans aller chercher un fond philosophique ou autre à l’ouvrage à la 1984  de George Orwell (tout en se disant néanmoins que l’écologie à parfois du bon si elle peut éviter à l’humanité de vivre dans un monde identique à celui que décrit le livre), sans chercher à faire une véritable visiter guider du Paris du futur, 2087 est à lire !


Pierre Chaffard-Luçon


David Bry, 2087, Black Book Editions, mai 2012, 416 p. - 19,90 €

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