Golgoth, le dernier empereur, tome 1

Golgoth a conquis la presque totalité du globe. Dans sa lutte contre les super-héros, l'utilisation de la téléportation et son sens de la stratégie ont été des avantages qui l'ont mené à la victoire. Plaçant ses sbires aux différents ministères de sa dictature, Golgoth et ses troupes écrasent peu à peu les dernières poches de résistance. Les super-héros ne sont plus qu'un lointain souvenir. Régnant sur la Terre tout en élevant sa fille, Golgoth vit dans un monde de trahison et de mensonges…


Difficile parcours pour ce comic book d'exception. Quand il est publié pour la première fois aux États-Unis en 2000, Empire (le titre de la série en vo) est probablement un peu trop en avance pour son temps. « Même si nous avons vendu pas mal d'exemplaires d'Empire, la série n'était pas assez rentable », explique le dessinateur Barry Kitson. « Plutôt que de baisser en qualité, nous avons préféré arrêter la publication ». Est-ce pour autant la fin ? Pas vraiment : « Ensuite, nous avons parlé à DC Comics. Ils ont accepté de publier la suite » (1). Et Empire de finir quelques années plus tard chez IDW, où les auteurs travailleront sur une suite. Un parcours qui ne témoigne pas de la qualité du titre…


Empire part d'une idée simple et, pour l'époque, originale : que se passe-t-il quand un super-vilain parvient enfin à conquérir le monde ? Imaginez un instant un monde où le Docteur Fatalis, ou bien Lex Luthor, l'aurait emporté… Maintenant que Golgoth dirige le monde, il ne peut pas vraiment en profiter puisqu'il doit lutter pour conserver son titre : ses sbires sont tous des traîtres en puissance, prêts à le poignarder dans le dos à la moindre faiblesse. Empire développe une ambiance très suspicieuse, digne des Borgia… Difficile d'en dire plus sans déflorer l'intrigue, riche et passionnante.


Voilà un titre remarquable, parce que Mark Waid a beaucoup de liberté, mais il n'en abuse jamais. Son histoire est adulte et violente, mais toujours avec parcimonie : il ne l'utilise jamais pour choquer le lecteur mais bien pour le surprendre. D'ailleurs, un conseil : faites-vous plaisir et ne feuilletez pas le contenu de l'album, vous pourriez vous gâcher une belle surprise.


Barry Kitson avait travaillé avec Waid sur JLA : Year One (paru récemment chez Urban Comics), et on retrouve ici la même synergie entre les deux artistes. Son dessin fait la synthèse entre un style un peu old school et un style plus moderne. Kitson apporte beaucoup à la série grâce à ce dessin entre-deux, qui habille bien l'histoire de Waid. Le seul petit bémol, c'est que parfois les personnages féminins se ressemblent beaucoup et il devient difficile de les discerner, sauf par leurs costumes.


Waid fait partie de ces scénaristes à l'aise sur n'importe quel genre d'histoire, et il le démontre une fois de plus, avec un joli sens du rythme et du suspense. Si vous n'en pouvez plus que ce soit toujours les bons qui gagnent, si vous cherchez une bonne histoire de super-vilain pleine de coup bas et de tragédies, ou si vous avez aimé Irrécupérable (du même auteur), il faut lire Golgoth.



Stéphane Le Troëdec




Mark Waid (scénario), Barry Kitson (dessins)

Golgoth, le dernier empereur, tome 1

Édité en France par Delcourt (14 octobre 2015)

Collection Contrebande

224 pages en couleurs sur papier glacé sous couverture cartonnée

18,95 euros

EAN : 9782756072272


(1) source : Comic Box HS 4

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