"Scene of crime", comics version noir

Un scénariste coté

 

Ces dernières années, Ed Brubaker a publié nombre de travaux intéressants qui le placent désormais dans le carré d’as des grands scénaristes de comics, aux côtés de Grant Morrison et de Geoff Johns.  Après un passage remarqué sur Daredevil, il a repris la série Captain America où il a réussi un tour de force : ramener le partenaire de cap, Bucky, dont la mort constituait un des socles de la mythologie du héros, dans l’arc Winter Soldier. Notons que cette histoire a servi de base pour le dernier épisode de la franchise sorti ces dernières semaines au cinéma. Brubaker, ce n’est donc pas n’importe qui et il nous propose ici une série noire, Scene of crime, en compagnie de graphistes chevronnés, Michael Lark et Sean Philips, publié sur le label Vertigo de DC comics.

 

Un privé à la dérive

 

La vie de Jack Herriman, privé, part en lambeaux depuis pas mal de temps. Ancien drogué, il a perdu son flic de père gamin et a vivoté ici et là. Présentement, il travaille avec Knut, un photographe de scène de crime. L’ancien partenaire de son père, Paul Raymonds, arrive et lui envoie une affaire. Débarque le lendemain dans son bureau une ravissante jeune femme, Alexandra Jordan qui recherche sa sœur Maggie, qui a rejoint une secte en la laissant sans nouvelles. Jack accepte et se retrouve embarqué dans une histoire qui a ses racines dans le passé trouble des sœurs Jordan.

 

Un roman noir graphique

 

Privé et Femme fatale…Scene of crime se présente clairement comme un roman noir, de facture assez classique. Du point de vue séquentiel, on remarque une bonne utilisation du champ/contre champ, inspiré du film noir. Graphiquement, Philips et Lark utilisent des couleurs claires qui contrastent avec des ombres très bien placées sur le dessin. Du point de vue scénaristique, Ed Brubaker opte pour une narration à la première personne et des dialogues sans fioritures, qui lui permettent de laisser une grande place au monologue intérieur du héros. Rien de révolutionnaire donc, juste une bande dessinée très efficace qui confirme le talent d’Ed Brubaker : il a ensuite réalisé la série Criminal avec les mêmes graphistes, cette fois-ci chez Marvel. Comme quoi il n’y a pas que les supers héros aux Etats-Unis…

 

Sylvain Bonnet

 

Ed Brubaker & Michael Lark & Sean Philips, Scene of crime, traduit de l’anglais (américain) par Benjamin Rivière, Delcourt, octobre 2013, 128 pages, 14,95 €

Aucun commentaire pour ce contenu.