Un barbare à Frisco : Jack Micheline

                   

 


 

 

Le credo de Jack Micheline fut la riposte au monde qui s’effritait devant lui, à l’existence qu’il gaspillait de gré ou de force. Celui qui prit le nom de sa mère et le prénom de London pour se faire connaître en tant que poète et peintre « de rue » est forcément lié à la Beat Generation. Il en fit pleinement partie mais il refoula cette affiliation ne cherchant jamais à trouver un bon os sur lequel il y avait encore beaucoup à manger. Son écriture est une suite de flèches : « Je n’ai jamais voulu être poète. / J’ai juste voulu être un être humain / Tous ceux qui veulent devenir poètes sont hors de propos / Vous l’êtes ou vous ne l’êtes pas / La plupart des poètes ne le sont pas ». Il faut choisir son camp. Etre ou ne pas être. En communication avec les hommes et le monde. Pas question pour autant de leur passer un petit bijou d’or au cou. Pas de transfiguration : juste une sorte de sacrifice. S’incliner mais de manière superbe. L’écriture est maigre, ascétique mais le plein l’inonde. Il existe dans son peu une densité et prouve une grande action dans la simplicité. Un hochement de tête veut dire oui à la vie mal dépris de sa négation. Le regard du poète est porté dans le ciel vers un cerf-volant invisible mais il est retenu à la terre par les combats de la vie.

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

 

Jack Micheline, “Un jour de nuit tordue & Le dernier des bohémiens”, Editions Derrière la salle de bains, Rouen, 10 €.







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