Richard Heinberg nous parle de la fin de la croissance

Ils sont unanimes. De l’ancien dirlo de Greenpeace International (Paul Gilding) au président-fondateur de Capital Institute (John Fullerton). D’une membre du Parlement britannique (Caroline Lucas) au PD-G de Portfolio Investments (Leslie E. Christian). Oui, tous disent : il faut lire ce livre ! Pourquoi ? Tout simplement parce que la fête est finie…

Et ce n’est pas parce que l’auteur de ce brûlot a une bonne bouille qu’il faut croire tout ce qu’il dit. Ni parce qu’il est un scientifique. Et encore moins parce qu’il a une carte de presse. Manquerait plus que ça ! Si "la croissance économique telle que nous l’avons connue est bel et bien terminée", c’est qu’il faut se rendre à l’évidence.

Tout l’intérêt de ce livre c’est aussi qu’il nous arrive tout droit des Etats-Unis. Il n’a pas été au préalable remâché à la sauce européenne du discours mou et des portes ouvertes sur des mirages. Il provient du Temple du capitalisme et il est sans appel !


Cela fait trop longtemps que nous avons considéré comme normal ce qui n’est qu’une anomalie historique : le concept de croissance. Car tout ne peut pas reposer sur la seule consommation !
Cela fait trop longtemps que le pétrole est bon marché. Et son épouvantable augmentation doit nous imposer de penser autrement, et cela de manière radicale !

Ce n’est pas pour autant que Richard Heinberg va diaboliser toute production ou idée de progrès. MAIS la croissance ne reviendra pas car notre civilisation a atteint ses limites physiques et psychiques… Pourtant  le temps joue pour le système qui conserve encore son avance. Il nous leurre avec les gaz de schiste et la faim dans le monde. Tout cela adroitement instrumentalisé par des choix politiques aberrants liés à des impératifs économiques tout aussi stupides. Quand nous devrions œuvrer à repenser totalement le fonctionnement de l’économie. La rustine imposée par voie de surendettement a, là aussi, fait son temps...


L’effondrement environnemental n’est pas d’essence divine ou anthropique. Mais bien dû à certains pays riches qui détruisent à dessein la planète. Ce n’est pas la faute des pauvres qui tentent coûte que coûte de survivre…


Il en va donc de la survie de l’humanité : debout les peuples ! A l’image des Grecs ou des Espagnols qui manifestent leur désapprobation aux nouvelles sanctions de l’UE. Notamment les Grecs qui sont désormais les détenteurs d’immenses réserves sous-marines de pétrole qui pourraient leur permettre de rembourser leurs dettes abyssales. Mais personne ne veut les aider à exploiter ces gisements, sauf à leur en prendre la quasi-totalité au nez et à la barbe d’un gouvernement dépassé par la violence du conflit qui l’oppose aux tueurs en col blanc…

Et pour couronner les tout, nous allons une fois encore être manipulés par les effets dévastateurs des découvertes en biotechnologies, de la production de phosphore (compostage des déjections humaines, utilisation plus rationnelle des fertilisants, nouvelles générations de plantes aux racines accédant directement au phosphore, etc.) au découplage total de l’alimentation et de l’agriculture. Les laboratoires des académies militaires canadiennes et anglaises y travaillent depuis longtemps…


Alors que faire ? Aller vers la croissance inéconomique (comme l’évoque Herman Daly), caractérisée par une augmentation du PIB qui s’accompagne d’une stagnation (voire d’une régression) des avantages sociaux ? Adhérer au programme vénézuélien largement inspiré des thèses marxistes ?
Une chose est claire : il faut sortir du productivisme et permettre une égalité sociale généralisée. Cela nécessitera humilité et questionnement, honnêteté et inventivité. Des qualités que nos hommes politiques de tous bords semblent bien ne pas posséder. À défaut de troisième homme, c’est une toute autre approche qu’il convient d’imposer pour trouver ce qui, après la victoire du capitalisme sur le communisme, survivra au libéralisme sauvage qui est à l’agonie…
Ce livre arrive donc à point nommé pour ouvrir les champs des utopies.


Annabelle Hautecontre


Richard Heinberg, La fin de la croissance – S’adapter à notre nouvelle réalité économique, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Lhomme, préface de Paul Ariès, Éditions Demi-Lune, coll. "Résistances", juin 2012, 382 p. – 22,00 €



1 commentaire

je suis surpris par,  semble-t-il, une unanimité  favorable à ce livre de Heinberg la fin de la croissance alors qu'il ne repose sur aucune donnée sérieuse, le chapitre 4 est exemplaire de ce fatras d'affirmations sans arguments, de contradictions etc..

Quelqu'un peu me dire d'où vient cet emballement?