Après Charlie, passer au plan B ?

Le 14 janvier dernier, Annick Girardin, Secrétaire d’État au développement et à la Francophonie, se posait publiquement la question à l’UNESCO :
Comment « Être journaliste après Charlie » ?

Et plus largement : comment faire pour que cela ne se reproduise pas ? « À l’heure où notre société de l’information, sur les réseaux sociaux, les blogs, les forums, produit autant d’émetteurs que de récepteurs, notre jeunesse doit pouvoir disposer d’outils, de filtres, de clés de lecture pour hiérarchiser l’information. » Dois-je y lire une acceptation des lanceurs d’alerte ? Julian Assange dédouané ? Lui qui prédisait en novembre 2014 que nous n’étions qu’au tout début d’une nouvelle ère démocratique… Oui, il est grand temps de passer au plan B !


Frank Escoubès aurait-il une boule de cristal ? Nous proposer en ces temps de crise ce roman visionnaire relève de la magie, question timing. Voilà Arthur Bécarre froidement remercié. La Firme ne rigole pas. Quinze minutes pour plier bagages. Un surveillant sur les talons. Le temps c’est de l’argent. Mais au Canada les allocations chômage ne sont pas payées rubis sur l’ongle. Comme dans l’hexagone. Il va donc lui falloir recouvrer au plus vite un job. Après quelques courriels croisés, le voilà au pied du mur. Conseiller auprès sœur Sourire. Une trésorière déjantée d’un ordre religieux décomplexé. Les nones veulent rééquilibrer la partie. Assises sur un tas de cash, obtenu parfois par de troubles honoraires gonflés par les cabinets d’avocats qui opèrent sur les class-actions, les voilà qui s’invitent dans les assemblées générales via des prises de participation en bourse. Et elles espèrent bien prêcher la bonne parole. Distiller leur venin. Renverser les tendances. Imposer un autre rapport de force. Moral. Probité. Deux gros mots tabous dans les conseils d’administration. 

Et si cela ne suffit pas ? Elles importeront la technologie. Certaines sociétés pratiquent le vote électronique. Il suffit d’un virus informatique pour que la mention des sœurs obtienne 80%...


Roman sociétal (radiographie du système). Roman SF (la carte de santé personnes âgées couplée à une carte de crédit dont les héritiers sont garants). Roman géographique (ce Montréal et ces Canadiens, quel charme…). Roman culturel (ah… cette soirée silence-disco !). Roman policier (un mort, tout de même). Roman sentimental (pas évident d’être célibataire à Montréal). Roman multiple… b: délivre, sur un ton badin qui décrispe la tension, bien plus qu’une vérité. Il ouvre des perspectives. Il libère une parole. Il donne le sourire. Il rend positif. Ambitionne-t-il de nous redonner des couleurs ? 

Frank Escoubès, à l'instar d'un Houellebecq dont Soumission accapare beaucoup trop le débat, nous met sous les yeux ce que nous ne voyons plus, car nous sommes aveuglés de trop le voir. Ce monde est mort. Il en faut très vite un autre ! 

Après Charlie l’ère des lanceurs d’alerte et autres Anonymous est venue. Reconstruisons ensemble le monde de demain. 


Annabelle Hautecontre


Frank Escoubès, b:, Éditions du Littéraire, décembre 2014, coll. "la bibliothèque de Babel", 236 p. – 19,00 €

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