"Mafia Calabraise", les Dix Commandements de la 'ndrangheta

Quand un livre nous propose une plongée dans un univers mafieux, il faut toujours se méfier des facilités et du spectaculaire. Trop de livres racontent d'inutiles lieux-communs. Et quand il s'agit de la 'ndrangheta, la mafia calabraise réputée pour sa violence extrême.  Mafia Calabraise, les Dix Commandements se propose, plus modestement, et avec beaucoup de réussite, de revenir sur les "essentiels" de cette mafia.

La ‘Ndrangheta est organisation criminelle où les liens du sang sont essentiels et font comme une protection supplémentaire (avec la loyauté au clan, et la peur de mourir) face à la Justice qui cherche à faire des repentis. Parallèlement, la structure hiérarchique ne permet pas de remonter au sommet d'une pyramide qu'on pourrait décapiter, car chaque clan familiale est maître de son propre territoire et fait ses affaires à sa manière. Si des familles s'associent pour organiser de plus gros trafics, il faut comprendre que la ‘Ndrangheta est un regroupement d'intérêts de clans familiaux mafieux, dont la force tient à ce maillage à la fois dense (les liens du sang) et souple (l'autonomie de chacune des familles).

"Je jure que; si je ne respecte pas ce serment, je serai tué de la façon la plus atroce" (rituel d'initiation à la ‘Ndrangheta)

Loin des clichés du cinéma, parrain au grand coeur avec les siens et familles unies par un code moral,  la ‘Ndrangheta est d'une violence extrême quand il s'agit de régler ses conflits, asseoir son influence, punir un traître ou simplement faire marcher le business. C'est le crime organisé en famille, mais rien de moral ni d'élégant. Même si le blanchiment des fonds issus de la drogue et d'autres commerces illicites (femmes, machines à sous, etc.) leur permet aujourd'hui de paraître plus "propre" et influent (la présence est avérée dans les industries des loisirs, dans le bâtiment et travaux public ainsi qu'en politique), les méthodes et le fonds ne change pas : violence et cruauté.

Nicola Gratteri, magistrat engagé dans la lutte contre la ‘Ndrangheta et Antonio Nicaso, historien spécialiste des organisations criminelles, nous plongent dans l'organisation qui a réussi à supplanter Cosa Nostra, la sicilienne, sur le marché de la drogue, et à étendre son influence néfaste sur le monde entier en partant d'une petite région pauvre du sud de l'Italie.


Loïc Di Stefano

Nicola Gretteri et Antonio Nicaso, Mafia Calabraise, les Dix Commandements, traduit de l'italien par Marie-Paule Duverne et Etienne Schelstraete, Express & Roularta, juin 2013, 256 pages, 19 eur
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