Éric
Chevillard propose avec « Dans la zone d’activité » une ronde dégingandée de
vingt-huit métiers : boucher, notaire, montreur d’ours, trapéziste, maître-nageur
etc.. Ses approches sortent du sociologique pour aller vers un psychologisme de
douteuse mais délicieuse obédience à l’image du maître-nageur dont on ne peut assurer s’il
sait nager puisqu’il ne fait que tourner« autour de la piscine en faisant claquer ses sandalettes de
bois sur les dalles. Semblable au morse ou à l’hippopotame, prétendument
aquatiques, plus souvent vautrés sur les berges ou les banquises ». Sa seule posture ou
imposture extra-aquatique lui suffit à assurer sa réputation de crâneur
crawler. Tous les arrimeurs au
labeur travaillent
avec un minimum d’entraves et de contraintes pour subjuguer le gogo ou la
victime consentante. Les métiers en dépit de leur disparité se conjuguent insidieusement.
Chacun est comme un nouvel instrument dans un orchestre. Certains métiers
engagent le bras ou tout le corps.
D’autres ne nécessitent - comme celui de maître-nageur - qu’un un regard distancié,
un silence et une concentration plus ou moins surfaite. L’écriture devient un geste iconoclaste qui démystifie
ces assurances et ces prébendes qui sortent l’homme de l’oisiveté mais non de
ses prétentions.
Jean-Paul
Gavard-Perret
Eric Chevillard, Dans la zone d’activité, Dessins en couleur de Philippe Favier., Fata Morgana,Fonfroide le Haut, 2014, 88 pages, 10 E.
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