Fabien Mérelle : bouée de corps mort

                   

Plus que tout art, par sa « simplicité » technique, le dessin anticipe la pensée. Non sans humour mais, chez Mérelle, en évitant la caricature. Le farcesque et le facétieux permettent la paradoxale présence d’une gravité et d’une dérision. Ici au bâton et son berger fait place celui qui se plante et se perd en « cierge » (fait de la graisse de ses bêtes ?) au sein de son troupeau. La vie devient une fête étrange animée des pétrifiantes des vagues des toisons. En leur milieu l’être devient une bouée de corps mort. La fable se développe par subtils agrégats là où l'individu découvre un équilibre paradoxal.

Que reste-t-il de ses amours ? On ne peut le dire mais la vie s'offre avec une évidence que les dessins anticipent. L’artiste présente une expérience existentielle simple ouverte à toutes les interprétations. Nul ne sait qui est en avance sur les autres ou en retard. Le troupeau est à l’heure. Mais jamais à la même heure.  Mérelle arrange le monde entre ombre et lumière. On pourrait relier l’œuvre aux textes de relier de Jaffeux ou de  De Vaulchier. Mais il existe chez le plasticien un humour et un détachement particulier. Une alacrité et une justesse aussi. Ils font de l’espace du « Cierge Noire » une terre sentinelle, un espace drôle et qui sidère.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Fabien Mérelle, « Cierge noir », coll. Leporello, Eric Higgins, Saint Jean de Mont, 2016.

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