La nuit des trente d’Eric Metzger : Nuit d’ivresse

L’ivresse et la dérive sont parfois bonnes conseillères. Elles permettent  à un jeune homme de devenir homme jeune dès trente ans - beaucoup mettent bien plus de temps. Preuve que le dérapage nocturne crée de manière incisive le plus drôle (mais sérieux) des romans de « formation ». Des Belles y rencontrent des Bêtes et vice-versa. Une telle nuit permet de faire miroiter la possibilité de trouver une réponse (ni univoque, ni définitive) à la question du sens de la vie.  « La nuit des trente » n’est néanmoins qu’une étape dans cette recherche. On attend déjà les suivantes.  Metzger en sait probablement un maximum sur la question mais il ne prêche pas. Et au lieu d’alourdir sa fiction - ou autofiction - il fait une certaine impasse sur ses propres joies, peines, repères et préfère ouvrir un réservoir ironique d’approches intempestives. Des personnages hybrides se croisent dans cette nuit hirsute. Ce sont les semblables, les frères et sœurs du narrateur. Charnelle tout autant que mystique (alcool aidant) la faune humaine devient une flore ébouriffée. Le tout pour le plus grand plaisir du lecteur. Pas question pour autant de se rincer l’œil mais de vider des verres  sur le zinc littéraire. Y sont détrônées les images-clichées selon différentes chimères : la pilosité devient parfois le squelette de l’être et sa chair.


Jean- Paul Gavard-Perret


Eric Merzger, « La nuit des trente », Gallimard, Collection L'Arpenteur, Gallimard 112 pages, 2015

 

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