Eric Metzger : chacun cherche son chat

Eric Metzger deux ans après l’astucieux « La nuit des trente » récidive un peu sur le même principe mais avec une nouvelle idée. « Adolphe a disparu » n’est en rien une suite au livre de Benjamin Constant. Le principe en est simple : retrouver le chat que sa mère a perdu. Et c’est ainsi que commence la dérive pleine d’incertitudes, de coïncidences et d'imprévus.  Histoire pour le narrateur de se prendre la main. Mais Eric  Metzger n’ose pas se lâcher. Sur un plan technique il s’enchevêtre dans des descriptions souvent superfétatoires et attendues. Bref demeure en retrait par rapport à ce que son idée de départ pourrait contenir et qui a fait la fortune d’une tradition littéraire – Queneau compris.


Original a priori par la nature de son histoire, le livre rate la folie et la verve attendues. L’auteur s’arrime à une idée classique de la fiction et de l’écriture. Dès lors elle s’agglutine en touffe plutôt que de se dérouler. L’ensemble se dissipe en franges et effets dont le comique manque de puissance transgressive, se perd en explications inutiles. Nous aimerions aimer un tel livre : il nous laisse néanmoins sur notre faim tant l’auteur demeure sur sa réserve et ne se débride que trop peu. Nous restons plongés au cœur d’une force passive. Le flot reste une attente. L’appel à l’imaginaire se bloque en un état virtuel dans l’antichambre de ce qui pourrait ou aurait pu être une farce sublime.


Jean-Paul Gavard-Perret


Eric Metzger, « Adolphe a disparu », collection L’Arpenteur, Gallimard, 2017.

Aucun commentaire pour ce contenu.