L’Âme à l’envers d’Eugène Durif

En voilà un drôle d’énergumène. Qui vit de théâtre, de poésie & de littérature. Alors que sa dernière pièce s’est jouée à Paris (Le Cercle des utopistes anonymes, en avril, au théâtre du Grand Parquer), retour sur son dernier roman. Histoire de montrer que les femmes ne sont pas les seules à être abandonnées. Meurtries. Le cœur brisé… Voilà Bernard dans la panade. La belle Elma est partie. La jeune Elma ne supportait plus sa rêverie. Elle qui rêvait – justement – d’être le centre du monde. Que sa beauté fasse d’elle l’épicentre. Or Bernard est un contemplatif. Si bien qu’au-delà de sa souffrance, il perçoit encore une lumière. Tunnel aussitôt traversé. La vie continue, à son grand étonnement. D’autant qu’Elma continue à lui écrire. La garce est amoureuse d’un autre, mais rien n’y fait. S’amuserait-elle à remuer le couteau dans la plaie ? Ou cela cache-t-il autre chose ?

 

Elma regrette-telle vraiment son départ ?

Bernard trouve un soutien moral dans la lecture des poèmes de Stanislas Rodanski. L’amour ne serait alors que morne plaine ? Bernard prend le train pour Lyon. Il faut tirer cette historie au clair… de lune à Maubeuge, sur une mer de nuit à Capri, sur les remparts où madame promène son cul et Brel chante à fendre l’âme. Partir, oui. Mais non pas fuir. Même si ses pieds vont le trahir. Après une visite de mémoire ce seront des lieux plus glauques pour amants désaxés.

 

Dans une langue particulière, Eugène Durif peint la quête utopique d’un ailleurs dans l’amour. Plus qu’une fin en soi, c’est l’aventure de l’après. Ce qui se cache derrière, qui fait courir l’homme. Le mâle en quête d’absolu dans la possession d’un triangle de chair. L’amour physique par extension au sentimentalisme ravageur. Miroir aux alouettes qui ne renvoie que l’abandon. De soi. De toute chose.

 

Annabelle Hautecontre

 

Eugène Durif, L’Âme à l’envers, Actes Sud, janvier 2015, 224 p. – 19,00 euros

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