La chronique de Salon de Pierre Pelot : Non, dieu n’est pas grand, mais il s’appelle Charlie


Ne croyez pas les avoir vaincus. Ne croyez pas avoir « vengé votre prophète » comme vous l’avez braillé, vos meurtres accomplis. Votre pauvre prophète que vous êtes les premiers à enculer sauvagement en agissant comme vous le faîtes, croyant sans doute servilement le servir et lui faire des gâteries. Ne croyez pas, jeune femme des réseaux sociaux – qui avez pris la peine de vous exprimer pour le dire –, qu’« au moins ils ne pourront plus dessiner leur merde sur notre belle religion ». Ils vont se gêner, jeune femme ! Car ils ne sont pas morts, ils sont juste assassinés. Ils se survivent, sous d’autres pseudonymes. Et votre religion, celle dont vous parlez, jeune femme, n’est pas belle, elle pue. La religion à laquelle vous faîtes référence, jeune femme, est nauséabonde, empoisonnée, monstrueuse, quand vous la traitez comme vous le faîtes, la distordez, la trafiquez comme vous le faite, proférant vos insanités, en son nom.

Ne croyez pas les avoir effacés, pauvres criminels que vous êtes, ils vivaient à l’encre indélébile. Ne croyez pas comme vous l’entendrez dire peut-être dans le peu de temps qu’il vous reste à vivre que vous avez assassiné des innocents. Ils n’étaient pas innocents – ne leur faites pas cette injure. Ils étaient responsables de leurs opinions, viscéralement honnêtes et sincères, ils savaient totalement ce qu’ils disaient, en réponse à vos abjectes et criminelles errances pseudo-religieuses. Ils étaient combattants. Soldats en lutte citoyenne de cette guerre hypocrite qui hante les rues et ne veut pas dire son nom, ou qui le dit en tenue de camouflage. Leurs armes étaient leur conscience, leur esprit, leur humour, leur intelligence, tout ce qui distingue l’être humain du chien, et leurs crayons. Des crayons, des pinceaux. Des dessins. Des écrits.

Probablement au fond de vous, en je ne sais quels abîmes, vous le pressentiez. Vous avez reniflé le danger de ces armes que sont l’humour et l’écrit et le dessin. N’est-ce pas de l’écrit que viennent ces convictions bancales qui vous ont hantés ? N’est-ce pas à leur source écrite que ces préceptes d’une religion que vous dîtes belle vous a convaincus dans votre ignorance – relayée sans doute par une voix, mais, aux racines,  de l’écrit? Vous rendez-vous compte, vous qui savez peut-être lire un peu, un petit peu, mais pas en suffisance pour vous passer de la voix des relayeurs empoisonneurs et menteurs si fascinants…


Je suis Charlie.

Je suis quelques  millions.


Mais ne suis pas, dans ces quelques millions et davantage, ceux qui ne peuvent vivre ni avancer sans le déambulateur d’une religion, quelle qu’elle soit et par antédiluvienne peur sans doute. La peur du fond des âges que les gènes transportent et relaient, à laquelle l’Individu humain réagit plus ou moins bien. J’en ai d’autres probablement. Mais pas cette noiraude-là, au nom de qui et contre qui tant et tant sont tombés, des croix jusqu’aux bûchers en passant par les ruines des villes massacrées, tant d’innocents, des vrais, anéantis en son nom. Comment et pourquoi le virus n’est-il pas encore vaincu ? Comment et pourquoi, les millions que je suis ne peuvent-ils pas avancer et marcher du pas qu’ils sont capables de mener vaillamment sans le soumettre aux directives de quelque dieu off – la plupart du temps en conflit avec ses collègues ? Pourquoi donc est-ce si difficile de vivre ordinairement comme des hommes sans s’en remettre à des aides para-ordinaires, sans croire pouvoir vaincre la peur par un plongeon en paradis au-delà de la mort ?

Eux, de Charlie, n’y croyaient pas.

Ils avaient un autre courage. Une autre façon d’espérer le courage d’être des hommes sans peur.

Ils avaient des crayons et des plumes.


Je me demande encore en écrivant ces lignes si tout ceci est vraiment vrai. Je me demande si ce battage sur les écrans de télévision est bien réel, s’il ne s’agit pas d’une fiction bateau, mal foutue, une sorte de « Plus moche la vie » en train de craquer les audiences. Je vais éteindre le poste.

Je les connaissais bien. Certains d’entre eux, qui ne mourront jamais, davantage que d’autre. Nous sommes des milliers, des centaines de milliers, des millions. Je ne suis pas le seul. J’avais déjeuné une fois avec Wolinski, discuté et rigolé plusieurs fois avec lui sur des foires, j’avais passé des vacances avec Honoré et il m’avait hébergé chez lui et je recevais chaque année sa carte de vœux, j’avais failli correspondre avec Charb… Ils étaient ma famille, ils étaient de la famille de tous qui s’appellent aujourd’hui et pour longtemps Charlie. Au même titre que d’autres, et des fils parfois, qui m’ont quitté mais ne mourront pas, juste le cœur ailleurs.

Ne croyez pas les voir tués. Ne croyez pas avoir vengé, brailleurs, votre pantin de pantalonnade. N’espérez rien. Soyez juste certain qu’à cette heure votre  « Allahou Akbar » est devenu le cri de guerre des assassins.

 

Pierre Pelot


> Retrouvez d'autres textes de Pierre Pelot sur son site internet, La tanière.

4 commentaires

Les amis musulmans de ma connaissance sont des gens généreux qui aident et soignent suivant leurs moyens les autres, ainsi que nous "les mécréants" comme nous appellent ces fils de .....satan.

Je ne suis pas sûr qu'ils comprennent au travers de leur cerveau réduit les mots de colère de Pierre.
Qu'ils aillent en enfer.
De la part de AMAZIGH , homme libre en berbère.

merci pour ces lignes. merci pour ces mots. comment guérir le monde des religions, comment faire grandir ces hommes qui, bien qu'adultes, ont encore peur du noir, et réclament un doudou en forme de religion pour avancer ? quand trouveront-ils la force d'etre juste des hommes et de se tenir debout sans béquilles nauséabondes ?
en lisant vos mots, je me sens moins seule ... meme apres m'etre noyée dans la marche !

Je suis tout simplement abattu en lisant ces mots et une chose se fait claire dans ma tête vous n'êtes surtout pas croyant.Je me demande même pourquoi je réagis à cette petitesse d'esprit.

M. Pelot participe avec énergie à la violence ambiante. On est barbare comme on peut.