"Rome 1202"- Une nouvelle aventure du chevalier troubadour de Jean d'Aillon

Jean d’Aillon, pseudonyme de Jean-Louis Roos, s’est fait une spécialité des romans historiques et ce, avec succès. Passionné aussi bien par l’Antiquité que par le Moyen Age ou encore par l’Epoque moderne, cet auteur fait partie de ceux qui, à l’instar d’Andréa Japp, accordent une grande importance à l’exactitude historique de leur récit : dates, vocabulaire, faits, tout est vérifié et vérifiable. La sortie de Rome 1202 en est encore la preuve et c’est avec délectation que l’on retrouve ou découvre le personnage de Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour sous le règne de Philippe Auguste.


Rome, 1202. Le pape Innocent III doit faire face aux attaques du sénateur Giovanni Capocci qui souhaite réduire à néant le pouvoir temporel du souverain pontife sur la commune de Rome. Pour cela, Capocci essaye de réunir autour de lui les plus anciennes et puissantes familles de Rome : les Frangipani et les Orsini. Mais venir à bout d’Innocent III et de sa famille, les Seigni, n’est pas chose facile surtout quand on en n’a pas les moyens financiers et que l’on s’attaque à un être aussi retors et rancunier que le Saint-Père. Parallèlement l’armateur marseillais Grégoire Ratoneau s’empare d’une galère sarrasine contenant des armes d’une redoutable efficacité et Guilhem d’Ussel reçoit en son fief de Lamaguère un notaire du Saint-Siège : ce dernier est porteur du testament du cardinal Ubaldi qui lègue la ville de Ninfa dans le Latium à ses enfants, Bartolomeo et Anna Maria, amis de longue date de Guilhem. Une manne providentielle dont Guilhem se méfie à raison car une fois sur place, les enfants Ubaldi vont se retrouver plonger au cœur du conflit opposant Capocci et le Pape. Pour sortir de ce panier de crabes, ils ne pourront compter que sur l’intelligence de Guilhem et sur l’arc de Robert de Locksley, l’époux d’Anna Maria.

 

Rome 1202 est le septième tome des aventures de Guilhem d’Ussel, chevalier troubadour. Même en prenant en route cette série, les personnages captent tout de suite l’attention du lecteur. Guilhem d’Ussel d’abord, dont le passé trouble et violent ne cesse d’exciter notre curiosité ; Robert de Locksley, comte d’Huntington, le fameux Robin des Bois, qui prend ici une tout autre dimension ; le frère et la sœur Ubaldi, enfants adultérins du cardinal Ubaldi, anciens jongleurs et chargés de mission d’Innocent III. Jean d’Aillon mélange ainsi avec brio personnages de fiction et personnages réels et fait de même avec les événements de l’époque intégrant la fiction dans un contexte historique pointu comme en témoigne le lexique, la bibliographie et le point historique qui sont joints à la fin du roman.


La lecture des autres tomes n’est pas indispensable à la compréhension de l’intrigue cependant elle s’impose au terme de cet opus tant l’on a envie d’en savoir plus sur ces personnages et de plonger dans le Moyen Age mis en scène par Jean d’Aillon.  L’intrigue tout d’abord, est bien tournée : trois histoires débutent et finissent par se confondre. Les armes sarrasines dont l’armateur Ratoneau s’est emparée, le conflit opposant Innocent III et la commune de Rome et enfin le legs de la ville de Ninfa aux enfants Ubaldi. Toutes trois se mêlent progressivement pour former un tout cohérent au fur et à mesure des rebondissements qui rythment le récit. Seule la relation unissant Constance Mont Laurier, ancienne maîtresse de Guilhem et épouse de Ratoneau, et le sarrasin Baghisain de Djeziré laisse perplexe tant elle semble arriver comme un cheveu sur la soupe.


Ce n’est donc pas si souvent que l’on tombe sur des auteurs de romans historiques capables : capable d’exactitude, capable de nous plonger dans une période, capable de bien écrire. Jean d’Aillon fait partie de ceux-là et mon seul regret est de ne pas l’avoir découvert avant. Ceci dit, il n’est jamais trop tard pour se plonger dans ses précédentes aventures (1) en attendant celles à venir.

 

 Julie Lecanu

 

Jean d’Aillon, Rome 1202, les aventures de Guilhem d’Ussel Chevalier troubadour, Flammarion, octobre 2013, 438 pages, 22 euros.

 

1) Pour ceux qui désireraient rattraper leur retard et se plonger dans l’intégralité des aventures de Guilhem d’Ussel :

  1. De taille et d'estoc (Presses de la Cité, 2012)
  2. La Charte maudite (Kindle Amazon, 2012)
  3. Marseille, 1198 (J’ai Lu, 2010)
  4. Paris, 1199 (J’ai Lu, 2010)
  5. Londres, 1200 (J'ai Lu, mars 2011)
  6. Montségur, 1201 (J'ai Lu, juin 2012) 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.