Valentina Seidel : sans concession.
Valentina
Seidel prend en revers ce qu’on entend
par exhibition et portrait. La préoccupation du cliché en tant qu’aire de contemplation
et de méditation demeure centrale. Par une esthétique de la chair surgit la
quête de l’intime mais en toute pudeur – du moins quant à l’exhibition du
corps.
Sans souci de psychologisation les photographies ne traquent pas le
prétendu marbre de l’identité. Avec des angles de prises directes les photographies demeurent aussi léchées
que simples. Pourtant rien de plus complexe que cette apparente simplicité d'où
émane une charge poétique rare. D’où la question centrale : de quoi les
photographies portent-elles la trace ? De quelle force de vie et de mort
sonnent-elles la charge ? De tout cela sans doute même si la photographe
insiste ni sur un pessimisme radical, ni sur un optimisme foncier.
La femme est « prise » avec une
certaine froideur. Elles s’offrent mais
dans un certain jeu de cache-cache. L’épreuve photographique crée
un espace de silence et de solitude sans forcément jouer le beau pour le beau.
Bien au contraire. Les portraits sont en effet sans concession et ne sont pas
là pour faire lever des fantasmes. L'intimité
révélée/cachée possède une dimension universelle et n’est plus liée à la
« viande » dont parle
Artaud même si elle est largement présente ou humiliée Chaque
photographie semble une approche, une attente, une preuve de tout ce qui est
infligé aux femmes. Une douleur tacite est ouverte à la réflexion du regard.
Jean-Paul Gavard-Perret
Valentina Seidel, « Eigen Brot », 96 p., Fotohof, Salzbourg, 2014, et « Exchange: Portraits with Artists », 124 p ., Idem. Joachim Brohm, Valentina Seidel, "NOT A HOUSE / BUT A FACE », Fotohof, : 2 mai - 13 juin 2015.
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