François Bott, Avez-vous l'adresse du paradis ?

Le 7 novembre 2010, René Maupas, Jim Anderson et Juliette participent au marathon de New-York.


A Villerville, dans le Calvados, Robert Maupas attend le retour de Rose. A Paris, terrasse du Dôme, Lady Brett sirote son bloody mary, comme tous les jours. A Laon, Peter Howard, enfermé dans sa chambre de l'hôtel Ibis prépare son suicide.


« Le 6 décembre 2010: Haiti, l'épidémie de choléra est venue de l'Himalaya. La France perd la finale de la coupe Davis, contre les Serbes. En Côte d'Ivoire, c'est le chaos. En Ile de France, la neige n'améliore pas le moral des ménages. »


Sept journées, entre novembre 2010 et juillet 2011 ou l'on suit en simultanée la vie des personnages. Ils se croisent, se rencontrent, se cherchent, se ratent, se fuient, mais tous sont sur cette même trajectoire: le chemin qui mène vers la mort. Au travers d'une narration emprunte de nostalgie et de fatalité, chacun lutte sans vraiment le savoir contre la fuite du temps. N'y aurait-il donc aucun moyen d'y échapper ?


Les histoires s'imbriquent, comme autant d'informations qui circulent et que l'on entend chaque jour.


Petit à petit, dans cette étrange construction du roman qui ressemble à un échantillon de journal intime du monde, on comprend les liens qui unissent les uns et désunissent les autres, logique implacable de la destinée. C'est le temps qui régit l'histoire.


Au travers de ces destins, on croit entendre le tic tac incessant de la grande horloge, et comme une fatalité, chaque personnage occupe sa place dans le monde, à la minute près.


Que dire du roman de François Bott si ce n'est qu'on n'apprend rien: le monde est petit et le temps est un salaud... Et même si l'on ne demande pas à un roman qu'il nous éveille, on voudrait entendre une voix nouvelle, un son, une note. Hormis quelques phrases bien senties pour des idées redondantes, on a le sentiment que l'essence tombe à côté du réservoir.


Il manque un fil dans la toile qu'a voulu tisser l'auteur. Malgré l'intelligente sensibilité du texte et de son propos, tout va trop vite. On n'a pas le temps de sentir l'angoisse du temps qui défile. Les dates sont répétées pour donner cette illusion mais ça ne fonctionne pas. Le lecteur est martelé de phrases explicatives qui empêchent la mayonnaise de monter. Les ingrédients sont là mais la dégustation est fade.


On prend toutefois plaisir à lire ces histoires entremêlées car l'écriture est fluide, limpide, facile, un peu trop facile pour être emporté et l'on ne s'attache que très peu, voire pas du tout, à ces personnages qui viennent tous du même milieu social. Est-ce une volonté de la part de François Bott de dépeindre la souffrance du bourgeois? Est-ce à entendre que lui aussi subit les affres du temps ? Nous sommes tous soumis au même chronomètre, certes, mais fallait-il réduire la complexité de la vie humaine à une seule facette ? La construction du livre paraît trop ambitieuse pour cela.


On se laisse tout de même aller à la nostalgie par le poids du passé, ses images et ses figures. Tout est déjà passé, tout est déjà souvenir. Mais quel souvenir garde-t-on de ce livre une fois terminé? Pas grand chose. Trop court. La fin tombe complètement à l'eau, l'auteur prenant la parole pour expliquer le fond de son texte, ce qui contribue à enlever toute force à cette histoire. François Bott survole le sujet et ne nous donne qu'une ébauche de travail plus qu'un grand moment de littérature.


Elodie da Silva


François Bott, Avez-vous l'adresse du Paradis ?, Le Cherche midi, août 2012, 114 pages, 12,90 euros

1 commentaire

bonjour, Pour moi c'est un hommage à lalitterature americaine, avec de spersonnages qui renvoient à des nouvelles, à des romans (Fitzgerald, Hemingway), et c'est plus interessant qu'une étude sur la génération perdue. C'est original, très bien construit, plein d'un humour léger qui donne du charme à des personnages frivoles dont l'amour reste "la grande affaire" > http://bit.ly/11Duxpg