​Aussi, n​'hésitons surtout pas à sacrifier – en quantité autant qu'en qualité – au rituel des vœux​ ​au seuil de chaque nouvelle année​ – et pourquoi pas de chaque jour ? –​ car, comme mal employée elle peut, n'est-ce pas, assurément blesser ou même tuer, ​toute​ pensée est bel et bien créatrice.

Avec elle, par son pouvoir, n'accédons-nous pas, mine de rien, aux manettes dans la cabine du pilote ? Non seulement pour y orienter et y corriger constamment, seconde après seconde, à flux tendu, la trajectoire de notre propre vie​ en direction de notre destinée,​ mais par là même celle, bien plus vaste, de la marche du monde à laquelle ainsi, incognito, nous participons.

Ne serait-ce pas là notre plus grande et à la fois très intime responsabilité, notre secret du roi en somme ?
 

François Cheng, De l’âme, Le Livre de Poche, novembre 2018, 192 p.-, 7,20 €