Dans l’œil du cyclone, oui mais avec élégance

François Xavier nous embarque dans une odyssée contemporaine ; d’une plume agile, qui développe une écriture simple, au style un peu baroque, le roman nous porte dans le sillage de X, le double fantasmé de l’auteur. Célèbre, riche, sportif, esthète, exigeant, savant, beau, le personnage principal nous renvoie à ce que nous sommes tous censés être aujourd’hui : parfaits, au moins.

 

Fort d’un phrasé alerte et enlevé, l’auteur nous emmène à la recherche d’un amour idyllique qui ne cesse de se dérober sous les apparences de la perfection. C’est une quête indéfinie de ce que nous possédons, de ce qui nous constitue, de ce qui nous taraude. Le propos est construit comme une course vive, une mosaïque à plusieurs entrées.

 

La composition est dynamique, elle se joue sur un rythme nourri des frasques du héros comme des attentes du lecteur. La structure est cadencée, les ruptures et changements de perspective narrative assurent au propos un certain dynamisme. Pourtant la verve ne l’auteur ne parvient pas toujours à porter le lecteur, qui reste tributaire de sa bénévolence. Les choses se déroulent sur le ton d’une vieille histoire d’amour qui n’en finit pas de ne pas se terminer.

 

Si le style est alerte, parfois d’une redoutable efficacité dans ses sentences et ses ellipses, il ne laisse pas cependant de céder à une certaine facilité. Et la cadence, qui porte tellement au début, paraît en cours de route s’essouffler, accompagner les personnages sans les faire évoluer. On soupçonne même un temps le roman de n’être que le prétexte à des ébauches de théorisations esthétiques, sociales, presque politiques.

 

Certes la tension revient progressivement, dans la mesure où l’auteur nous conduit habilement à terme sans paraître poser le moindre jalon. Disons qu’il n’y a justement pas de fin, que par la pirouette ultime le propos nous apparaît comme le fragment d’une trame qui peut se rompre et se reconstituer à chaque moment. Elégant, finalement.

 

Christophe Giolito

 

François Xavier, Dans l’œil du cyclone, Les éditions du Littéraire, février 2012, 240 p. – 17,50 euros

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