La mode à la cour de Marie-Antoinette

Ce très bel album aux contours souples et élégants doit se lire avec un lutrin - adapté à sa taille. Ou sur une table. Quelle drôle d’idée un si grand livre… Porté par une très riche palette d’illustrations et une mise en page soignée, il se contemple plus qu’il ne se lit, finalement. Costumes, habits d’apparat, menu gourmet, tenue de cour, s’il vous plaît, nous sommes à Versailles. Un minimum d’étiquette. Tout d’abord le maintien. Puis la toilette. Froufrou et parfums hauts en couleur. L’histoire s’écrit sous nos yeux.


Louis XIV était très à cheval sur le détail. La mode était une affaire d’État. Si bien qu’il fallait savoir suivre le courant. C’était lors de cérémonies officielles que la parure devait transmettre ses codes. Langue à part entière, la manière de s’habiller était tout un poème. C’est en l’année 1780 que les premières libertés s’affichent. La cour s’encanaille ! C’est l’esprit d’un retour aux sources : la nature et la simplicité. Sans rire. Les Versaillais versent dans la désinvolture. Mais avec grâce et élégance. La classe, tout de même. Nous ne sommes pas des gueux…


Ces innovations qui sont autant de caprices pour tuer le temps verront tout de même un cadre s’établir pour que les limites soient connues de tous. Nonobstant la Reine s’empare du défi et repousse un peu les lignes. A telle point qu’une administration dédiée voit le jour, la Garde-Robe. Chargée de l’habillement des souverains, selon un protocole précis. On ne badine pas avec l’allure !

Mais l’importance est ailleurs – comme la vérité. L’inutile détail qui fait tout. La qualité, bien entendu : ce sont donc des fournisseurs que viendra la nouveauté.


Historienne de l’art, Juliette Trey a été conservatrice au château de Versailles. Elle a organisé cet album autour d’une riche iconographie mais aussi de clichés de costumes anciens encore conservés. L’ouvrage montre comment, à la cour (1774-1792), la mode oscille entre respect des conventions et désir de changement.

Le choix de son costume n’est donc pas un geste anodin mais bien un manifeste.


Annabelle Hautecontre


PS – Dès juin 2015 sera présenté au Grand Trianon une exposition sur l’entourage de Marie-Antoinette ; et du 21 septembre 2015 au 11 janvier 2016, au Grand Palais, une exposition sur Elisabeth Vigée-Lebrun.


Juliette Trey, La mode à la cour de Marie-Antoinette, 120 illustrations, 287x390, Gallimard/Château de Versailles, octobre 2014, 128 p. – 25,00 €

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