Comme un conte, retour au pays des fées

Un auteur trop vite disparu

 

Originaire de Coventry, Graham Joyce s’est imposé en proposant des fictions inspirées du quotidien où l’intime a autant d’intérêt que l’irruption du fantastique (sans sombrer, bien heureusement, dans le roman à l’eau de rose). Deux fois lauréat, avec Lignes de vie (2003) et Au cœur du silence (2011), du World Fantasy Award, il avait également remporté le Grand Prix de l’imaginaire en 2003 avec la nouvelle Les nuits de LeningradIl est décédé en 2014 d’un lymphome.

 

Le retour de l’enfant prodigue

 

Une jeune fille sonne à la porte de la maison de ses parents le jour de noël. Ces derniers viennent lui ouvrir et ont le choc de leur vie : Tara, leur fille disparue, est revenue. Ils la serrent dans leurs bras, sans penser qu’elle n’a pas vieilli d’un iota en… presque vingt ans. Son frère Peter, ancien musicien devenu maréchal-ferrant et père de famille nombreuse, reçoit un appel de ses parents qui lui annoncent le retour de sa sœur. Il n’ose y croire, puis la revoit.

 

Le moment est magique jusqu’au moment où elle leur raconte qu’elle a passé tout ce temps au pays des fées… Peter n’y croit pas une seconde. Il pense plutôt à son ancien ami Richie, petit ami de Tara qui, lorsqu’elle a disparu, a été soupçonné de l’avoir tué. Il doit des excuses à Richie qui, malgré tout son talent musical, n’a pas réussi à percer. De plus, il est loin d’avoir oublié Tara.

 

Peter emmène donc sa sœur chez un grand psychiatre, Vivian Underwood, pour comprendre ce qu’il lui est arrivé. Underwood, à l’issue des séances, est sûre d’une chose : Tara croit réellement à son histoire… et si elle disait vrai ?

 

Du talent de Graham Joyce

 

On a déjà lu Lignes de vie où la recette de Joyce, à la fois sentimentale et  fantastique, fonctionnait déjà plutôt bien. Comme un conte est supérieur, grâce à la qualité de sa construction éclatée (on apprend au fur et à mesure ce qui est arrivé à Tara tout en découvrant les évènements et les liens qui l’unissent aux autres personnages, en particulier Richie) et par ses personnages tous très attachants.

Enfin, les emprunts au folklore celtique s’incorporent plutôt bien dans l’histoire. Au total, Comme un conte séduit, trouble et secoue le lecteur. Alors, chers amateurs, laissez-vous aller à la magie du conteur Graham Joyce.

 

Sylvain Bonnet

 

Graham Joyce, Comme un conte, traduit de l’anglais par Louise Malagoli, Gallimard folio SF, mars 2017, 480 pages, 8,20 €

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