Garth Ennis présente Hellblazer, tome 2

Tout va pour le mieux pour John Constantine, le privé occulte londonien : il aménage avec sa petite amie, Kit, et souffle ses quarante bougies. Qui aurait cru qu'il survive jusqu'à cet âge, lui qui côtoie démons, vampires et autres créatures surnaturelles quotidiennement ?

Seulement, le Diable n'a que peu goûté sa récente duperie, et John Constantine va constater rapidement qu'on ne berne pas Lucifer sans un jour en payer le prix…


Si on regarde cet album épais par la tranche et on voit deux couleurs de fonds de pages différentes : du noir et du blanc. Le blanc, c'est pour le dessinateur irlandais William Simpson, qui a déjà travaillé sur le titre (voir le tome 1 de cette collection), dans un style réaliste embellissant des situations parfois licencieuses. Le noir, inversement, c'est Steve Dillon qui arrive sur le titre. On sent bien que l'artiste, dans un style caricatural pour sa part, se sent très à l'aise avec les situations gores là où il faut dessiner de la tripe et des boyaux. Deux couleurs, deux ambiances, en quelque sorte.


Évidemment, la publication le même jour par Urban Comics de ce tome deux d'Hellblazer et le tome deux de Preacher n'est pas un heureux hasard : elle souligne les liens étroits entre les deux œuvres. Saluons au passage cette initiative éditoriale. On peut presque lire entre les lignes les prémices de l'idée qui donnera plus tard naissance à Preacher. À savoir qu'un ange du Paradis et une démone de l'Enfer copulent, au grand regret de leurs deux camps. D'ailleurs, beaucoup de lecteurs de Preacher penseront dans les premiers numéros que les deux histoires (ou les deux univers) sont liés. On peut donc lire Hellblazer comme une espèce de galop d'essai à Preacher. Néanmoins, et c'est intéressant, le travail de Garth Ennis est ici beaucoup plus pondéré, et moins délirant, même si on reconnaît facilement le style du scénariste (et son amour pour Londres).


Garth Ennis, justement, qui transforme Hellblazer, au départ série d'horreur contemporaine, en une œuvre politique et égalitariste. La vision du monde d'Ennis présente l'autorité de manière négative (et souvent grotesque), et les électrons libres de manière positive ; les salauds sont des bourgeois, les pauvres des gens sympathiques. Et une des ses valeurs fétiches, c'est l'amitié virile (si possible autour d'une bonne pinte de bière).

On adhère ou pas à ses idées, mais le scénariste sait emballer ses histoires, se permet des parenthèses audacieuses (quand John Constantine est absent, par exemple), et va même jusque chambouler les habitudes du héros. Mieux : il écrit une histoire romantique (certes avec son lots de monstruosités) crédible et passionnante.



Stéphane Le Troëdec





Garth Ennis (scénario), William Simpson et Steve Dillon (dessins)9782365776837

Hellblazer, tome 2

Édité en France par Urban Comics (28 août 2015)

Collection Vertigo Signatures

464 pages en couleurs sur papier mat sous couverture cartonnée

28 euros

ISBN : 9782365776837

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