Lady Mechanika, tome 3 – La tablette des destinées

Lady Mechanika quitte les rues steampunk de Londres pour explorer le continent africain le temps d’une aventure au style mêlant rétro et pulp. Découvrez pourquoi Joe Benitez livre ici son travail le plus convaincant sur la série.

 

 





Lady Mechanika sur la piste d’un professeur disparu

Henri Thomsen, professeur d’histoire, et Strassmann, son assistant chimiste, mènent une expédition au cœur de l’Afrique à la recherche de l’antique cité perdue d’Enki. Au cours de leurs explorations, ils mettent à jour une immense caverne abritant d’étranges cristaux. Les deux chercheurs découvrent que ces cristaux leur permettent, grâce à un jeu de lumière, d’ouvrir une porte secrète qui pourrait bien les mener à la mythique cité.

Au même moment, Lady Mechanika a été embauchée comme guide le temps d’une chasse au yéti dans les Alpes suisses. Mais l’aventurière ne supporte plus le comportement abject de ses employeurs et rentre prématurément à Londres. Elle y retrouve Winifred, la petite fille du professeur Thomsen, qui lui fait part de ses inquiétudes. Thomsen communiquait régulièrement par courrier avec la fillette, mais depuis quelques semaines, elle n’a plus de nouvelles. Winifred est persuadée que son grand-père court un grave danger. Lady Mechanika se lance alors à la recherche de l’universitaire…

 


Du Steampunk au Pulp

Jusqu’à présent, Lady Mechanika s’appuyait essentiellement sur le genre steampunk. Dans cette nouvelle aventure, Joe Benitez effectue un changement important. Le titre emprunte maintenant beaucoup au pulp : un genre sublimé au cinéma par la saga des aventures d’Indiana Jones. L’ombre du plus célèbre des aventuriers plane sur tous les épisodes. Et Joe Benitez ne se prive pas non plus de faire référence à un autre modèle incontournable du genre pulp. Ainsi, quand Lady Mechanika s’infiltre dans un château allemand, c’est à l’aide d’une fusée dorsale, le temps d’une scène d’acrobatie aérienne qui rappelle Rocketeer.

 

Héroïsme et exotisme sont les maîtres mots de ces épisodes. Lady Mechanika voyage de Londres vers l’Allemagne, traverse le Sahara et termine son périple dans la jungle du Congo. Cette idée d’abandonner les rues de Londres donne une ampleur nouvelle aux histoires écrites par Joe Benitez et Marcia Chen. Les grands espaces africains, le désert, la jungle, tous ces nouveaux décors apportent un souffle épique indéniable qui manquait jusqu’à présent à la série.

 


 

De beaux designs mais une narration lourde

C’est indéniable : Joe Benitez soigne le style de ses personnages. L’équipement et le matériel de Lady Mechanika sont bourrés de détails ; ses costumes sont particulièrement variée. Joe Benitez semble se résoudre à dessiner une héroïne certes sexy, mais pas trop, contrairement à ses exagérations sur Wraithborn. Assisté dans son travail par Martin Montiel, il fignole aussi les décors, ce qui ajoute un réel plus aux environnements, souvent riches et détaillés.

 

Malheureusement, la narration graphique de Joe Benitez pose toujours autant de problèmes. À mon avis, c’est un dessinateur qui serait beaucoup plus à l’aise en tant que cover artist. Quand il faut dessiner des personnages en pleine page, son style est éclatant. Mais dès qu’il s’agit d’agencer plusieurs cases d’affilée pour raconter une action, c’est tout de suite plus laborieux. Pire, il a parfois tendance à abuser des bulles de dialogues qui viennent alourdir la lecture. Dommage, parce que cela vient régulièrement ruiner le rythme de l’histoire.

 


 

 

Les deux premiers tomes et l’édition collector de Lady Mechanika ne m’avaient pas convaincu. Avec ce troisième tome, Joe Benitez propose enfin une aventure agréable, qui parvient à nous plonger au cœur de l’aventure en empruntant beaucoup aux codes du genre pulp. Joe Benitez et Marcia Chen sont libérés des contraintes d’ une origin story et peuvent donc vraiment se concentrer sur l’aventure et l’héroïsme. Si, à mon avis, Joe Benitez a encore pas mal de lacunes dans sa narration graphique, il contrebalance ce défaut par une recherche esthétique poussée. Et comme ce tome 3 peut être apprécié sans avoir lu les deux premiers, vous pouvez vous laisser tenter par cette épopée africaine qui séduira les amateurs d’Indiana Jones et de Lara Croft.

 


Stéphane Le Troëdec

 


Lady Mechanika, tome 1

 

 



 

Joe Benitez, Marcia Chen (scénario) - Joe Benitez, Martin Montiel (dessin)

Lady Mechanika, tome 3 – La tablette des destinées

Édité en France par Glénat (8 mars 2017)

Collection Comics

160 pages couleurs, papier glacé, couverture souple

14,95 euros

EAN : 9782344020852

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