The Infinite Loop, tome 1 - L'Éveil

Bonne nouvelle : dans un futur lointain, tout ira bien ! Fini l'insécurité, la haine, ou la guerre. Un véritable paradis douillet et paisible, mais aussi sans amour. Aseptisé. Un monde dans lequel le cycle jour-nuit a été carrément supprimé.

Les voyages dans le temps sont monnaie courante, si bien qu'il a fallu créer une brigade d'agents temporels chargés de rectifier les anomalies, des objets qui ne sont pas à leur époque, et qui pourrait gravement endommager la réalité.

Teddy est la meilleure de ces agents temporels. Jusqu'au jour où elle découvre un nouveau type d'anomalie : une magnifique jeune femme prénommée Ano. C'est le coup de foudre… mais que faire ? Défier les autorités et s'enfuir pour vivre un amour interdit ? Ou bien rentrer dans le moule et supprimer la jeune femme ?


The Infinite Loop démarre de façon assez classique. On suit Teddy dans le quotidien de son travail. Toute cette partie m'a fait penser à La Patrouille du temps de Poul Anderson, et à MEGA, le jeu de rôle des messagers galactiques. De la SF pure et dure, en somme. Rapidement, l'intrigue « déraille » pour partir vers autre chose. Et c'est lorsque Teddy rencontre Ano que The Infinite Loop devient particulièrement intéressant, car on sent comme l'envie de vouloir prendre le lecteur à contre-pied.


Le thème de la liberté (des personnages, des auteurs) est inscrit dans les origines même du titre, puisque The Infinite Loop a d'abord été auto-produit via un financement participatif. Comprendre : pour avoir un maximum de liberté, ne pas subir les diktats d'un éditeur. La rencontre entre des auteurs et leurs lecteurs, c'est un peu la belle histoire derrière l'histoire, en quelque sorte. Et on sent qu'on tient quelque chose d'un peu différent. C'est un peu la sensation que j'avais eu en lisant Saga, par exemple, pour rester dans la science-fiction. On démarre un voyage, et on ignore où on va aller, ni comment : une qualité rare.


Et puis il y a, évidemment, le thème de l'homosexualité, ou plus précisément la lutte contre l'homophobie. Teddy et Ano sont deux femmes fortes, qui s'aiment, et qui vont se battre, littéralement, pour avoir le droit de vivre cet amour. J'ai beaucoup aimé l'idée de mixer deux genres (romance et science-fiction) sans que l'un prenne réellement le pas sur l'autre. Surtout que toute la partie sentimentale est réalisée avec une subtilité qui m'a un peu rappelé Daytripper de Fábio Moon et Gabriel Ba, ou le récent Sculpteur de Scott McCloud.


Scott McCloud, justement, tombe à point nommé pour parler de l'aspect visuel particulier de The Infinite Loop. Si la ligne claire d'Elsa Charretier évoque immédiatement Bruce Timm ou Darwyn Cooke, ses planches et sa narration fourmillent d'innovations, et attendez-vous à être plus d'une fois surpris. L'artiste ne se repose pas sur son talent et elle expérimente, sans limites, osant des couleurs et une douceur par exemple assez rares dans le genre.


En fin de compte, le seul défaut de ce premier tome, c'est la sensation une fois terminé qu'on vient de lire l'introduction, que les choses sérieuses commencent. Or, nous en sommes déjà à la moitié de l'histoire. Du coup, je suis curieux de voir comment Pierrick Colinet, le scénariste, va gérer ce qui est, à mon avis, un petit problème de rythme. J'espère que les auteurs nous ont réservé encore pas mal de surprises et de retournements de situation et j'ai vraiment l'impression que c'est le cas, vu le nombre de questions laissées en suspens.


Réponse en octobre, avec le deuxième et dernier tome.



Stéphane Le Troëdec




Pierrick Colinet (scénario) et Elsa Charretier (dessins)

The Infinite Loop, tome 1 - L'Éveil

Cet album compile les épisodes de The Infinite Loop #01 à #03, publiés aux USA par IDW Publishing.

Édité en France par Glénat Comics (26 août 2015)

112 pages

14,95 euros

ISBN : 9782344009529

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