Gigantomachia
Kentaro Miura, auteur du mythique Berserk, et qui cumule une fois encore les fonctions de dessinateur et scénariste, a troussé là un habile mélange de post-apocalyptique et de mythologie grecque, trouvant l'équilibre entre plans contemplatifs (des créatures gigantesques) et violence (les combats).
Ce que Kentaro Miura décrit le mieux dans Gigantomachia ce n'est pas tant la classique lutte pour la survie dans laquelle sont engagés Promé et Délos, que les combats titanesques où le temps de l'affrontement semble suspendre son vol pour mieux nous permettre de contempler l'action trépidante. Des parenthèses violentes certes, où la menace apocalyptique semble s'estomper au profit de l'action, le cadre de Miura s'attachant à disséquer les coups.
Cela dit, Gigantomachia n'est pas qu'une succession de bastons. Entre séquence incongrue (l'héroïne Promé qui déverse ses fluides corporels sur son compagnon Délos pour le guérir…) et descriptions quasi-bucoliques d'un monde perdu, Kentaro Miura évoque avec justesse la désespérance qui guette ces deux naufragés à la dérive. Dans un monde post-apocalyptique, pour eux le danger est partout : de l'oasis à priori salvatrice mais piégée aux nouvelles créatures mutantes mi-hommes mi-insectes enfantées par un monde en reconstruction.
De cet univers si original, beaucoup en aurait tiré une saga en un nombre conséquent de volumes. Kentaro Miura produit un manga d'un parti pris narratif et visuel parfaitement louable mais qui pourra décevoir ceux qui pensaient s'embarquer pour une aventure épique au long cour. Les autres contempleront les planches absolument magnifiques de Miura.
Stéphane Le Troëdec
Kentaro Miura (scénario & dessins)
Gigantomachia
Édité en France par Glénat (juillet 2015)
Collection Seinen
240 pages noir et blanc, papier mat, couverture souple
6,90 euros
EAN : 9782344007662
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