"Waterloo", l'échec final

« Waterloo, morne plaine… »

 

Que n’a-t-on écrit sur la bataille de Waterloo !! Il y a deux siècles prit fin dans ce coin du Brabant, au sud de Bruxelles, l’épopée napoléonienne. On compte nombre d’ouvrages sur cette défaite française et parmi les plus récents, ceux de Jean-Claude Damamme et Alessandro Barbero avaient été appréciés (sans compter l’importante bibliographie consacrée aux Cent Jours dont Waterloo constitue l’acmé). Aujourd’hui, c’est au tour de Thierry Lentz de se coller à la tâche d’analyser les raisons de l’échec final de Napoléon. Rappelons qu’il est l’auteur d’une monumentale histoire du Premier Empire (publiée chez Fayard) dont le dernier volume constitue déjà un avant-goût de son jugement de la bataille.

 

Une situation désespérée

 

En effet, notre historien replace l’évènement dans le cadre des Cent jours, tentative de reprise du pouvoir, réussie dans un premier temps, par Napoléon. En quelques semaines, il renverse effectivement Louis XVIII grâce essentiellement au soutien d’une armée que ce dernier n’avait su ni comprendre, ni s’attacher. Très vite, Napoléon comprend cependant qu’il est seul, sans alliés, face à l’Europe en train de boucler les négociations du traité de Vienne. Aucune de ses ouvertures de paix n’étant concluante, il n’a d’autre choix que de combattre. Mais Napoléon n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur le plan intérieur, il a dû accepter une constitution libérale et l’élection d’une assemblée hostile. Vieilli, pessimiste, il n’ignore pas la disproportion du rapport de forces : les alliés peuvent mobiliser plus d’un million d’hommes en quelques semaines. Aussi, il tente le tout pour le tout et passe en Belgique pour battre les deux armées qui s’y trouvent, celles de l’anglais Wellington et du prussien Blücher. Son but : les battre l’un après l’autre en empêchant leur jonction.

 

Une bataille perdue d’avance ?

 

Il bat les prussiens à Ligny le 17 juin et s’élance aussitôt contre les anglais. Napoléon ignore cependant que les deux armées ont prévu de ne jamais rompre le contact. Il a de plus commis l’erreur de détacher Grouchy et 30 000 hommes pour qu’ils pourchassent les prussiens. Dans l’affrontement avec Wellington, les français sont au bord de la victoire lorsque les prussiens : là c’est la débandade, les troupes s’enfuient et refluent vers la frontière, couverts par les bataillons de la vieille garde. On peut se demander avec Thierry Lentz si Napoléon avait seulement une chance de vaincre… Victorieux à Waterloo, n’aurait-il pas perdu ensuite ? Les Cent Jours coutèrent cher à la France : 2 milliards de francs or d’indemnités, la perte de Sarrelouis et de la Savoie, l’abandon enfin de la prépondérance continentale qui, à terme, passa à l’espace germanique...

 

Un beau livre

 

L’intérêt du livre est de proposer une synthèse vivante, riche et pleine de pédagogie sur cette bataille : notre auteur propose de suivre son déroulement avec des cartes en couleurs et s’appuie volontiers sur les témoignages des survivants. De la bonne histoire militaire donc, un peu à l’ancienne mais claire. On trouve également des « focus » insérés ici et là sur des points précis qui facilitent la compréhension de l’événement. Enfin, le Waterloo de Thierry Lentz se distingue par une riche iconographie. Du bel ouvrage, vraiment.

 

Sylvain Bonnet

 

Thierry Lentz, Waterloo, Perrin, janvier 2015, 315 pages, 24,90 €

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