"Charles X", le dernier des Bourbon



Un souverain maudit


Frère de Louis XVI et de Louis XVIII, dernier roi de France (rappelons que Louis-Philippe a choisi d’être appelé « Roi des français »), Charles X souffre d’une mauvaise réputation, due aux ordonnances qui déclenchèrent la Révolution de 1830 et aussi à une historiographie libérale et républicaine qui lui fut systématiquement hostile. On salue donc d’avance le travail de Jean-Paul Clément (assisté par Daniel de Montplaisir pour deux chapitres) qui comble un vide dans le champ biographique et qui s’inscrit dans le renouveau des études sur la période de la Restauration (grâce entre autres à Emmanuel de Waresquiel). Soyons clairs : s’il est entendu que Charles X a commis nombre d’erreurs qui menèrent aux événements de 1830, il ne fut cependant pas le sot dépeint par nombre de mémorialistes…


Du prince chéri des dieux à l’émigré


Lorsqu’il naquit à Versailles en 1757, le futur roi fut titré comte d’Artois. Petit-fils de Louis XV, il n’était cependant pas destiné à régner : il avait trois frères dont l’aîné, titré duc de Bourgogne, mourut et laissa le futur Louis XVI devenir dauphin à la mort de leur père en 1765. On ne peut comprendre la première partie de la vie de Charles X (jusqu’en 1789, en gros) si on n’a pas en tête qu’il était condamné à l’oisiveté : lointain héritier du trône, le comte d’Artois menait une vie de plaisirs, entouré de femmes (malgré un mariage qui lui donne deux fils), insouciant des soucis de l’Etat. Mais ceux-ci ne tardent pas à le rattraper. Après avoir joué les frondeurs, Artois se révèle un défenseur résolu de la prérogative royale et choisit de s’exiler en Juillet 1789.


Du  comploteur amateur au chef des ultras   

        

Dès le début de son exil, Artois se mêle aux complots des émigrés (même s’il se montre souvent  pusillanime), de la formation de l’armée de Condé aux tentatives de débarquement à Quiberon en 1795. Avec ses fidèles, il anime les réseaux royalistes en France. Cela ne l’empêche pas de mener grand train, retiré au château d’Holyrood en Ecosse à proximité de sa maîtresse, madame de Polastron. Lorsque celle-ci meurt, elle lui fait jurer de rester fidèle désormais aux règles du catholicisme : Charles jure… et devient un dévot.


En 1814, Napoléon échoue (malgré des prodiges tactiques) à sauver son trône et les Bourbons, avec le soutien peu enthousiaste des Alliés, réussissent à revenir. Charles, malgré ses positions ultra-royalistes, charme le peuple de Paris par sa prestance et ses manières (avec cette phrase ciselée par la pro

pagande : « il n’y a rien de changé en France, sinon qu’il y a un français de plus ». Cela n’enlève pas le nouveau résident du pavillon de Marsan de devenir le champion du parti « ultra » et les cent jours ont tendance à renforcer sa position. Louis XVIII a octroyé une chartre ambiguë (Jean-Paul Clément, à la suite d’Emmanuel de Waresquiel, le montre bien) que son frère devenu Roi jure pourtant de respecter lors de son sacre à Reims… Cérémonie anachronique pour beaucoup, le sacre remporta pourtant un certain succès populaire, que Victor Hugo entre autres célébra.


Un romantique ?


D’un point de vue épistémologique, cela parait incongru mais Charles X fut roi au moment de la naissance du mouvement romantique qui, à ses débuts, s’incarnait dans le légitimisme. de plus, son gouvernement soutint une des causes emblématiques des romantiques : l’indépendance de la Grèce (au grand bonheur de Lord Byron, Chateaubriand et d’autres) quitte à se fâcher avec l’Angleterre (qui l’avait accueilli). De l'extérieur, son trône paraissait affermi.


1830 : la grande catastrophe


Pourquoi Charles X signa-t-il les ordonnances en Juillet 1830 ? L’auteur soutient que ce fut par volonté de respecter la prérogative royale tel que décrite par le texte de 1814. Reste que, face à l’émeute (orchestrée par le parti libéral et aidé par les intrigues du futur Louis-Philippe ?), Charles X « cala » et préféra abdiquer en faveur de son fils (le falot duc d’Angoulême) pour préparer l’avenir de son petit-fils, le comte de Chambord.


Charles X mourut en exil avec distinction, comme un fils de la maison de France avait appris à le faire…Que penser de lui au final ? Peut-être qu’il aurait fait un bon roi, par temps calme, avec un ministre comme… Talleyrand. A lire, en tout cas.

 

Sylvain Bonnet


Jean-Paul Clément avec Daniel de Montplaisir, Charles X, Perrin, septembre 2015, 576 pages, 26 €

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Dounia

Comment diable ce site peut-il laisser passer un texte si mal écrit ? Et truffé de fautes d'orthographe... Relisez-vous un peu, bon sang !!