K.Z. Dessins de prisonniers de camps de concentration nazis
Cadavres jetés à même le sol d’un camp, corps mutilés, regards
vide de désespoir ou de crainte. On a déjà vu ces images, de nombreuses fois …
Évidemment, c’est un livre témoignage sidérant et glaçant. Évidemment il s’agit
de décrire l’horreur de cette période.
Dans sa préface, Primo Levi écrit : « Pour décrire
l’horreur, la parole s’avère insuffisante. Les images ici reproduites ne sont
pas une équivalence ou un ersatz : elles remplacent la parole au mieux,
elles disent ce que les mots ne savent pas dire. » Je dirais même plus :
ces images en disent plus je trouve que les photos dont nous disposons des
camps. Ces dessins, on les imagine tracés à la hâte, dans des conditions
effrayantes, ou bien juste après la libération. À travers l’œil des dessinateurs
transparaissent leurs effrois, leurs désespoirs aussi. L’indignation.
La force du dessin, qu’il soit bien exécuté ou fait à la va-vite, réussi ou non, c’est ce petit supplément d’âme inscrit à jamais sur feuille. Une photographie montre tout, met tout au même plan et donne la même valeur absolue à chaque détail. Alors que le dessin ici met en avant l’esprit de celui qui l’a tracé, souligne ses choix, montre ce qui a imprimé la rétine de son auteur. Chaque illustration est une plongée terrifiante dans le crâne de ces prisonniers.
À travers cet ouvrage, c’est aussi le parcours de son auteur qui frappe, qui saisit. Arturo Benvenuti commence son livre en 1979. Il monte dans son camping car pour aller sur les lieux des drames, visiter des musées, rencontrer des rescapés, ou consulter des archives. Une quête qu’on devine incroyable, et qui mériterait elle aussi un livre ou un documentaire tant on la devine passionnante.
Stéphane Le Troëdec
K.Z. Dessins de prisonniers de camps de concentration nazis
par Arturo Benvenuti
Édité en France par les éditions Steinkis (13 janvier 2016)
256 pages, couverture cartonnée
25 euros
EAN : 9791090090866
0 commentaire