Johan Cruyff génie pop et despote, le grand champion

Pourquoi parler de Cruyff ?

 

Journaliste de la revue So foot, Cherif Ghemmour consacre ici une biographie à Johan Cruyff, meneur de jeu de l’équipe des Pays-Bas au mondial de 1974, entraîneur du Barça où il fit jouer Stoikoff, Guardiola et tant d’autres. Mais pourquoi au juste parler de Johan Cruyff ? Disparu il y a peu, le retraité néerlandais (son dernier match remonte à 1984) était en fait devenu une légende, connu des jeunes amateurs de foot grâce à sa fondation… et Youtube qui permet de revoir ses matchs, ses meilleurs buts. Cruyff, pourtant, est plus qu’un simple génie du foot.

 

Une icône culturelle

 

Une des qualités de l’ouvrage de Cherif Ghemmour est de rapprocher Johan Cruyff d’idoles du rock comme Mick Jagger ou David Bowie, lui aussi récemment disparu (2016 ressemble de plus en plus à une rubrique nécrologique...). Cruyff, comme ces deux stars du rock, fait partie de cette génération de baby-boomers qui se sont affranchis des règles de leurs aînés. Bowie et Jagger se sont lancés dans la musique, Cruyff a choisi le foot, jeu auquel il jouait môme dans la rue (Comme Pelé ou Platini) et est devenu le meilleur joueur de sa génération. Mais quel caractère ! Les néerlandais ont grandi avec les foucades, polémiques lancées par Cruyff qui fumait un paquet de cigarettes par jour (rare pour un sportif de haut niveau), avait les cheveux longs et se battait en permanence pour gagner plus d’argent. Ses relations avec l’Ajax d’Amsterdam ou la fédération néerlandaise de foot sont d’ailleurs littéralement pourries par les questions d’argent… A ce titre, son âpreté au gain le rapproche une fois de plus de Jagger, très attentif à ce que les Rolling Stones touchent un pourcentage sur tout ce qui se vend à leur effigie lors de leurs concerts.

 

Un footballeur d’avant-garde

 

Pur produit de la génération du Baby Boom, Cruyff est aussi le prototype de la star du football. Charismatique, bel homme, il sait aussi se montrer arrogant sur le terrain, en particulier avec les arbitres ou les journalistes (en cela, Nasri lui ressemble). Reste qu’il a été le grand propagandiste d’un style de jeu, le « football total», inventé par son entraîneur Rinus Michels qui consiste à faire jouer en avant, toujours à l’offensive et où chaque joueur doit être capable de permuter (le défenseur peut devenir milieu, l’attaquant défenseur, etc…). Ce football ne fonctionne cependant qu’avec des joueurs de la trempe de Cruyff ou de Platini qui, en France, l’a brillamment repris. Ce style peut aussi avoir ses faiblesses, Cherif Ghemmour pointe par exemple la faiblesse des néerlandais au tir au but ou au penalty. Reste que c’était du beau jeu et que Cruyff, même s’il a perdu la finale de 74, restera à jamais un des plus grands champions du monde.  So long, el flaco

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Cherif Ghemmour , Johann Cruyff génie pop et despote, Hugo sport, préface de Michel Platini, septembre 2015, 304 pages, 17,50 €

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