Crépuscule de l'Histoire, un ouvrage iconoclaste et partial

 

Un historien habitué des polémiques


On a connu Shlomo Sand grâce à son ouvrage Comment le peuple juif fut inventé (2008), qui s’inscrivait dans un courant très critique de l’historiographie israélienne, décortiquant la façon dont les idéologues sionistes avaient construit le pays en se plongeant dans le passé du peuple juif et en ne gardant que ce qui servait leur projet. Les thèses de Sand soulevèrent pas mal de polémiques et il fut invité à s’en expliquer dans les colonnes de la rue L’Histoire. Il récidiva ensuite avec un Comment j’ai cessé d’être juif pour le moins iconoclaste. Ici, Crépuscule de l’histoire se veut une autre attaque iconoclaste, contre l’Histoire en fait et sur la façon dont elle a servi à construire, hors de toute scientificité, des identités nationales.


L’Histoire existe-t-elle ?


C’est au fond la question que pose l’ouvrage. Pour Shlomo Sand, l’Histoire n’a servi que des buts politiques condamnables et à écrire des romans nationaux qui ont légitimé des dominations étatiques. Au fond, en bon iconoclaste, il reprend la méthode qui lui avait réussi dans sa déconstruction du récit national israélien et l’applique à l’Histoire et à tous les « romans nationaux ». Shlomo Sand, en toute logique, appelle donc éloigner l’Histoire à s’éloigner du « temps national ». On peut être intéressé par sa démarche, saluer certaines de ses analyses mais l’iconoclasme qui tient lieu d’idéologie à Shlomo Sand le pousse à des outrances qui nuisent à sa démonstration. Enfin, nier au fait national sa centralité dans l’histoire européenne, asséner que ce n’est qu’une invention paraît au final assez vain. A lire et… à déconstruire.

 

Sylvain Bonnet


Shlomo Sand, Crépuscule de l’histoire, traduit de l’hébreu par Michel Bilis, Flammarion, octobre 2015, 308 pages, 23,90 €

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