La petite communiste qui ne souriait jamais

Un elfe, une fée, un être venu d’ailleurs : telle apparut Nadia Comaneci aux jeux olympiques de Montréal en 1976. Une gamine de quatorze ans coiffée de couettes en justaucorps blanc qui d’un salto, un saut périlleux arrière sur la poutre fit apparaître les Russes de dix huit ans comme veilles, grosses et démodées. L’enfant, par sa perfection affola le compteur qui afficha 1,0 au lieu de 10, les juges qui lui auraient bien donné 12.

Dirigée par le camarade professeur Béla, l’enfant devint en une image la coqueluche de la terre entière, les petites filles rêvant comme elle de « jeter la pesanteur par dessus son épaule »

 

Mais derrière la réalité, apparaît l’image marketée d’une fillette surdouée qui surgit de nulle part pour emporter trois médailles d’or alors qu’en fait elle gagnait tout depuis déjà deux ans. Derrière l’athlète miniature surgit la  force d’un pouvoir  qui à travers elle faisait la promotion d’un système, la réussite totale du régime communiste qui promouvait l’apothéose de

L’enfant nouvelle, surdouée, sage et performante. A l’opposé des adolescents occidentaux bourrés de  hamburgers et de publicité. La guerre froide battait son plein et le beau visage de Nadia était la preuve vivante du bonheur communiste.

Mais les temps changèrent vite, la jeune fille attrapa une maladie (la puberté) et des formes qu’elle tenta d’effacer. En vain.

 

Dans son roman en partie imaginaire, Lola Lafon fait revivre la figure de Nadia Comaneci en imaginant un dialogue fictif avec l’idole vivant maintenant aux Etats unis. L’auteur qui n’a pas connu la guerre froide fait revivre d’une façon magistrale l’opposition frontale entre les blocs est et ouest à travers le personnage  fort  et fragile de Nadia Comaneci, une adolescente  finalement comme les autres.

 

Brigit Bontour

 

Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais

Actes sud


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