Un amour à l'aube.

Tout commence le 14 juin 2010 lors d’une vente aux enchères chez Christie’s. Une sculpture de Modigliani, « un bloc de beauté entre le sphinx, la vierge et le supersonique » atteint la somme de 43,18 millions d’euros.

Le même jour, l’auteur du livre, Elisabeth Barillé est à Saint Petersbourg où elle visite la maison d’une jeune poétesse Anna Akhmatova, contemporaine de l’artiste. Parmi les objets exposés, un paletot pendu sous deux pauvres chapeaux, elle repère très vite un dessin de Modigliani représentant la jeune femme d’une « beauté singulière, beauté travaillée, beauté gagnée sur d’éclatants, d’insupportables défauts –nez cassé, cou à n’en plus finir«.

De quels liens cette esquisse au crayon témoigne-telle ?

Aucune liaison entre les deux jeunes gens n’est connue mais pour Elisabeth Barillé, il est impossible qu’ils ne se soient pas croisés et aimés et elle imagine la belle histoire que le peintre et la poétesse à l’orée de leur vie ont peut être vécu.

Ils ont pu se rencontrer à la Rotonde, endroit qui réunissait les artistes de l’époque. Le jeune italien bien décidé à « sauver son rêve » même s’il ne vend aucune toile fréquentait assidument les lieux. Tout comme Anna.

La vie à Paris est dure, « il était né pour la joie, il ne la trouve nulle part » sauf peut être au contact de l’auteur en herbe. Quand il la voit, il découvre surtout un profil qu’il pourrait dessiner à l’infini.

De son côté, la  poétesse qui n’a encore rien publié mais s’imagine l’égale de Pouchkine voit en Modigliani « un homme à part enserré dans un cercle de solitude » Une solitude qui est aussi la sienne car mariée depuis peu elle est déjà désabusée.

Tombent-ils amoureux ? Elle quitte Paris puis revient et affirme seulement : « je le vis peu en 1910 ». Plus tard elle ne consent qu’à un aveu : « je remarquai chez lui quand nous nous revîmes en 1911 qu’il était amaigri, devenu sombre ».

Il faut lire entre les lignes. Le dessin retrouvé à Saint Petersbourg faisait partie d’une série de 17 que Modigliani lui avait offert  et qu’elle avait égaré  au fil d’une vie tumultueuse. Offre t-on 17 œuvres à quelqu’un pour qui l’on n’éprouve rien ?

 Sans doute pas, mais qu’en sait-on ?

Un amour à l’aube est une enquête imaginaire sur un amour probable entre deux jeunes artistes.

Tout au long du livre, Elisabeth Barillé née d’une mère russe, d’une famille ayant émigré en 1920 laisse planer le doute et met toute son invention, son imagination au service d’une histoire merveilleusement vraisemblable.

Un amour à l’aube

Elisabeth Barillé

Grasset,

 202p  16,90 euros

 

 

Un amour à l’aube a remporté le Prix Rive Gauche à Paris 2014

 

 

 

 

 

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